Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Le 5 septembre dernier, mon confrère Guillaume Duhamel écrivait dans ces colonnes qu’à la suite à la révision des objectifs à la hausse de BioMérieux (FR0013280286-BIM), le titre du spécialiste lyonnais du diagnostic in vitro n’était pas donné avec un PER de 38. Il est depuis passé de 78 à 66€, alors même que les fondamentaux restent très bons.
Toutefois, de nombreux gérants estiment que la valorisation demeure encore élevée avec un PER de 30 ou encore une VE/Ebit de 21. Il est vrai que dans la conjoncture actuelle, BioMérieux, comme du reste de nombreuses valeurs dites de croissance, n’est guère plébiscitée…
D’une façon générale, les investisseurs ont désormais une logique davantage « value » qui consiste à jouer des valeurs décotées au détriment de sociétés dont la croissance ne se dément pas.
Qu’à cela ne tienne : les publications de BioMérieux restent de très bonne facture, comme en a encore témoigné récemment la hausse encore très consistante de 8,8% du chiffre d’affaires au troisième trimestre en données organiques à 579,7 M€. Moyennant quoi, la croissance sur les neuf premiers mois de l’année ressort à 9,8%, rendant l’objectif d’une augmentation des revenus annuels de 9,5% largement atteignable.
▶ Des revenus en hausse et une structure financière saine
L’ensemble des activités du groupe, actuellement présent dans plus de 150 pays au travers de plus de 40 filiales, est en expansion. Les revenus issus des applications cliniques, qui regroupent notamment la microbiologie ou encore la biologie moléculaire (avec notamment l’envolée de la gamme BioFire FilmArray dans les diagnostics de maladie infectieuse), ont aussi grimpé de 8,9% sur la période juin-septembre, à 473,5 M€, tandis que ceux tirés des applications industrielles ont progressé de 8,8%.
Alors certes, lorsqu’on se penche dans le détail des chiffres, nous en sommes quitte pour quelques petites déceptions. Comme la hausse de seulement 4,8% des ventes en Amérique latine, mais cette région ne représente que 6% du chiffre d’affaires consolidé du groupe. BioMérieux a par ailleurs pâti d’un effet devises défavorable de l’ordre de 91 M€ au troisième trimestre, mais pour ce genre de groupe mondialisé il est pour ainsi dire totalement impossible d’y échapper…
2018 devrait quoi qu’il en soit être un bon millésime pour la société, avec notamment une marge d’Ebitda qui devrait dépasser les 20%. Un niveau élevé qui s’explique par le fait que les produits du groupe sont des produits en propre. En effet, avec cette stratégie, les marges sont solides, contrairement par exemple aux distributeurs de produits…
A titre de comparaison, la marge d’Ebitda d’Eurobio Scientific (FR0013240934-ALERS), qui figure notamment dans notre portefeuille MicroCaps Fortune, est inférieure à 10%, tout simplement parce que ses produits en propre ne représentent que 16% du chiffre d’affaires.
Pour en revenir à BioMérieux, je me dois aussi de souligner le caractère particulièrement sain de sa situation financière, avec un gearing (NDLR : le ratio endettement net sur fonds propres) de seulement 14%, qui lui octroie une marge de manœuvre certaine en vue d’opérations de croissance externe.
Bref, vous l’aurez compris, BioMérieux reste un excellent élève… Pas sûr toutefois que cela suffise dans la conjoncture boursière actuelle…