Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Cette fois, plus de doute, les véritables hostilités entre Washington et Pékin vont réellement débuter !
La justice américaine réclame officiellement l’extradition du Canada vers les Etats-Unis de Meng Wanzhou, la fille du fondateur de Huawei, incarcérée depuis début décembre. Les sources sont unanimes quant à son inculpation à titre personnel, alors même qu’elle n’est “que” la représentante légale d’une “personne morale”. C’est toute la différence avec le dossier Carlos Ghosn, ci-devant président de Renault (PA:RENA) qui n’a pas été extradé, ayant été arrêté par les autorités judiciaires du Japon, pays où il est présumé avoir commis de graves infractions à la législation en vigueur.
C’est surtout, me semble-t-il, une grande première dans le (non) droit international.
Meng Wanzhou est l’actuelle directrice financière de Huawei et se voit reprocher, de par sa fonction, plusieurs chefs d’inculpation parmi lesquels le viol de l’embargo iranien, le vol de brevets (le litige avec T-Mobile avait pourtant été réglé par une transaction en 2017) ou encore des manœuvres d’obstruction aux enquêtes fédérales…
Nous ne savons pas encore quelle va être la riposte de Pékin, mais son intensité risque de faire brutalement monter les enchères avec l’Oncle Sam.
Ce dernier, emmené par un Donald Trump déterminé à en découdre, ne s’est pas privé de scénariser cette arrestation stricto sensu extraordinaire. Surtout, nous assistons sous l’impulsion du locataire de la Maison-Blanche à une évolution radicale de la mise en application de l’extra-territorialité du droit américain, qui se place au-dessus du droit international et étend la souveraineté judiciaire des Etats-Unis bien au-delà de ses frontières (le Canada dans le cas présent).
Il serait étonnant que la Chine et nombre de ses alliés se contentent de “prendre des coups”…