Forex: Pourquoi le Dollar a grimpé hier face à des statistiques US désastreuses?

Les rapports économiques américains de mercredi ont été terribles. Les ventes au détail ont chuté de 8,7 %, la plus forte baisse sur un mois jamais enregistrée. L'enquête manufacturière Empire State de la région de New-York a également atteint un plancher record de -78,2, mais, contrairement aux ventes au détail, qui ont été seulement légèrement plus mauvaises que prévu, les prévisions pour l’Empire State étaient de -35. La production industrielle a chuté de 5,4 %, ce qui est également un peu moins bon que prévu. Le Livre beige était extrêmement pessimiste, la Réserve fédérale ayant noté que l'activité économique s'était fortement contractée ces dernières semaines. Ils ont déclaré que l'emploi a fortement diminué dans tous les districts dans de nombreux cas et que tous les districts ont fait état de perspectives très incertaines parmi les contacts d'affaires, la plupart d'entre eux s'attendant à ce que les conditions se détériorent au cours des prochains mois. Pourtant, le billet vert a terminé la journée en hausse par rapport à la plupart des principales devises. Avec la chute des actions et l'effondrement des rendements du Trésor, il n'y a qu'une seule explication à la demande vorace de dollars américains : l'aversion pour le risque.

Les fondamentaux américains sont terribles, mais le billet vert s'est retrouvé dans une position refuge pendant la première moitié de la session de New York. Avec les devises, il s'agit toujours de croissance relative - les perspectives d'un pays par rapport à un autre. Les nouvelles flambées en Europe et en Asie suggèrent que le monde n'a pas vraiment la mainmise sur le virus. Selon l'Organisation mondiale de la santé, il n'est pas certain que les patients guéris puissent être réinfectés. Au minimum, les verrouillages se poursuivront en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Allemagne. L'EUR/USD a chuté de plus de 1 % après que l'Espagne, qui avait signalé un ralentissement des nouveaux cas, a vu la tendance s'inverser, les nouveaux cas atteignant leur plus haut niveau en six jours. Cette semaine, l'Allemagne va également étendre ses règles de distanciation sociale, qui devaient être assouplies le 19 avril. Au Royaume-Uni, 761 personnes supplémentaires ont succombé au virus, l'Écosse et le Pays de Galles enregistrant leur plus forte augmentation quotidienne de décès à ce jour.

Même si certains pays ou États reprennent leur activité économique à la mi-mai sur une base continue, les frontières resteront fermées pendant un certain temps et les règles de distanciation sociale pourraient rester en place pour le reste de l'année. Cela signifie que les revenus resteront faibles au cours des deuxième et troisième trimestres. Tout cela devrait être négatif pour le dollar américain, mais cela pourrait être encore pire pour le reste du monde, car sans reprise aux États-Unis, il n'y aura pas de reprise mondiale, ce qui explique pourquoi le billet vert attire les investisseurs lorsque les fondamentaux américains sont faibles. L'enquête de jeudi de la Fed de Philadelphie attendue ce jeudi devrait être tout aussi déconcertante que l'indice Empire State d’hier, et les investisseurs devraient anticiper des baisses à deux chiffres des mises en chantier et des permis de construire, surtout après que l'indice NAHB ait atteint un plancher record de 30 en avril.

La Banque du Canada a laissé les taux d'intérêt et son programme d'achat d'actifs inchangés, ce qui n'est pas surprenant compte tenu des mesures énergiques qu'elle a prises en mars. Toutefois, elle a dévoilé de nouvelles opérations sur le marché monétaire, notamment un nouveau programme d'achat d'obligations d'entreprises et provinciales. La banque centrale a également réduit de manière significative ses estimations du PIB. Elle s'attend à ce que le PIB réel soit inférieur de 1 à 3 % au premier trimestre et de 15 à 30 % au deuxième trimestre. Une grande incertitude entoure le moment de la reprise et le ralentissement à court terme sera le plus marqué jamais enregistré. Ces perspectives sans ambiguïté dovish ont envoyé l'USD/CAD au-dessus de 1,4100 intraday. Malheureusement, la paire n'a pas réussi à prolonger ses gains après que le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, ait déclaré que 0,25 % est la limite inférieure effective et qu'il n'y a pas lieu de commencer l'assouplissement quantitatif alors que l'économie est en récession.