Bombardier (TO:BBDb) enchaîne les séances volatiles à la bourse de Toronto. Après avoir clôturé en baisse de 20% vendredi, en marge de l’ouverture d’une enquête à son sujet par l’Autorité des marchés financiers, l’action du constructeur aéronautique comblait déjà ses pertes lundi soir.
Plombé par l’annonce de l’ouverture d’une enquête par le gendarme boursier québécois, portant sur des soupçons de délits d’initié à l’encontre de ses dirigeants, Bombardier a chuté de 20,10% vendredi à 1,67 dollar canadien.
Par voie de communiqué, l’Autorité des marchés financiers du Québec a informé qu’elle étudiait les opérations entourant la mise en place du Régime d’aliénation de titres automatique (RATA) par Bombardier et les différentes annonces faites depuis'.
Instauré par Bombardier le 15 août dernier, ce régime permet aux dirigeants d’entreprise de céder à un courtier le pouvoir de vendre leurs actions. Or, entre-temps, Bombardier a vu sa valorisation boursière être divisée par deux.
Comme le résume le quotidien montréalais La Presse, 'le gendarme devra déterminer si, avec les informations dont ils disposaient et qui n’étaient pas accessibles au public, les dirigeants de Bombardier ont commis un délit d’initié'.
De son côté, le management n’a pas tardé à réagir, expliquant qu’il « entendait bien collaborer pleinement avec l’AMF dans le cadre de son enquête », ajoutant avoir pris les dispositions nécessaires pour suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute vente de titres en application du RATA.
Faut-il y voir une tempête dans un verre d’eau ? En tous, les cas, ce lundi, le titre rebondissait de 23% à 2,07 dollars, comblant ainsi ses pertes de vendredi.
Plus globalement, face à une dette importante, on rappellera que Bombardier continue de lutter pour sa survie et reste à ce titre vulnérable à la nervosité des investisseurs.
La société montréalaise, qui alimente notamment la flotte de trams de la STIB en Belgique, se trouve à la mi-chemin de son plan de redressement quinquennal, destiné à améliorer ses revenus et ses marges à la suite de gros problèmes de trésorerie rencontrés il y a trois ans, lesquels avaient forcé le gouvernement québécois à injecter de l’argent frais dans le groupe.
Dans le cadre de ce vaste programme de restructuration, la direction a annoncé début novembre, en marge de la publication de ses résultats trimestriels, la suppression de 5.000 postes supplémentaires, soit 7,2% de ses effectifs, pour se recentrer sur ses jets d'affaires et le rail, son coeur de métier.
Cette vague de licenciements aura lieu d'ici 12 à 18 mois, a confirmé à l'AFP un porte-parole du groupe, et s'ajoute aux 15.000 suppressions de postes annoncées depuis 2015.
Selon la direction, ils permettront « des économies annuelles d'environ 250 millions de dollars lorsque la réduction aura été totalement réalisée d'ici 2021 ».
Hausse des rendements obligataires
Sur le marché secondaire, les différentes obligations du groupe sont orientées à la baisse depuis la publication des résultats trimestriels, et l'annonce par la direction de prévisions de chiffre d'affaires annuel qui ont déçu les investisseurs.
L'obligation en euros d'une durée de deux ans et demi offre un rendement annuel de près de 7%.
L'emprunt en dollars remboursable dans quatre ans se traite désormais sous les 90% du nominal, contre plus de 101% il y a encore quelques semaines.
Ces obligations sont notées en catégorie spéculative chez Standard & Poor’s, l’agence attribuant à ces emprunts seniors non-sécurisés un rating « B- », reflétant au passage le niveau de rendement offert par ces titres.