Les ministres des finances de la zone euro sont parvenus à un accord au sujet de l’aide à la Grèce. Celui-ci referme le chapitre ouvert par les élections du 17 juin dernier, après lesquelles la nouvelle coalition issue des urnes avait demandé un assouplissement des conditions du second plan d’aide mis en place en mars 2012.
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A court terme, cet accord va permettre aux chefs d’Etat de donner leur aval au versement des tranches pour 2012 du second plan d’aide, qui avaient été gelées après les dernières élections. Selon ce plan (finalisé en mars dernier), plus de 120 milliards d’euros devaient être déboursés par le FESF et le FMI en 2012. A ce jour, seuls 75,6 milliards ont été versés, qui ont pour la plus grande partie servis à financer la restructuration de dette du secteur privé (PSI).
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Les Européens devraient donc autoriser le versement de 43,7 milliards d’euros à Athènes, dont plus de 34 milliards dès le mois de décembre, une somme qui inclue les fonds (23,8 milliards) permettant de conclure le programme de recapitalisation des banques grecques. Le reliquat sera versé au premier trimestre 2013, en lien avec la mise en œuvre du programme de réforme.
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Sur le moyen terme, une solution a été trouvée pour relâcher les objectifs budgétaires assignés au pays, qui doit désormais trouver le moyen de dégager un excédent primaire de 4,5% du PIB (environ 9 milliards d’euros) à l’horizon 2016, plutôt qu’en 2014 comme le prévoyait le plan de financement établi en mars dernier. Depuis plusieurs semaines, le principe d’un tel report était acquis, et ce, d’autant plus que le gouvernement grec avait satisfait à toutes les conditions posées par les européens en matière de réformes et d’engagements. Cependant, qui dit délai d’ajustement supplémentaire dit financement supplémentaire et accroissement de la dette publique grecque (attendue, si rien n’était fait, à 190% du PIB en 2014 selon les dernières prévisions de la Commission). C’est sur ces points que les membres de la zone euro se sont opposés ces dernières semaines, entre eux et avec le FMI.
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Au final, la solution retenue est une combinaison des différentes options envisagées ces dernières semaines. Les Etats membres se sont ainsi engagés à :
i. réduire à nouveau, de 100 points de base, les taux d’intérêt perçus sur les prêts bilatéraux accordés à la Grèce (premier plan d’aide), qui se
situeront désormais seulement 50 pb au-dessus de l’Euribor,
ii. réduire de 10 points de base les coûts des prêts accordés par le FESF (second plan d’aide),
iii. allonger de 15 ans la maturité de ces prêts – bilatéraux et FESF- et reporter de 10 ans le paiement des intérêts au FESF,
iv. abandonner à la Grèce, dès 2013, les profits retirés du SMP.
v. Enfin, les Européens approuvent l’intention du gouvernement grec de procéder début 2013 à un rachat partiel de ses obligations détenues par les investisseurs privés à un prix décoté (*).
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L’effet complet de ces mesures dépendra notamment des modalités, et du succès, du programme de rachat de dettes, qui devraient être connues rapidement. Les Européens, se déclarent « confiants dans la capacité du plan à ramener la dette grecque sur une trajectoire soutenable », sans nier que des mesures supplémentaires pourraient être nécessaires pour ramener le ratio de dette publique à 124% du PIB en 2020, et « bien en deçà de 110% du PIB » en 2022. Elles pourraient être prises une fois que la Grèce aura fait la preuve de sa capacité à dégager un surplus primaire et à se
conformer dans la durée aux conditions imposées par la Troïka.
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Cet engagement apparaît comme une concession faite au FMI, dont on sait qu’il considère que la solvabilité de la Grèce passe désormais par un effacement d’une partie des créances détenues par les Etats. Une telle opération reste pour l’heure totalement en dehors de l’agenda officiel des Européens. Elle fait toutefois son chemin un peu plus vite que prévu, puisqu’elle s’est déjà invitée dans le débat électoral allemand, où elle est réclamée par Peer Steinbrück, l’adversaire SPD d’A. Merkel aux législatives de 2013.
Frédérique CERISIER