La dernière petite phrase de la « Black Week »

Ce matin, Mario Draghi, président de la BCE était l’invité d’Europe 1. Il y a annoncé que la BCE reste prête à intervenir « si nécessaire » : « Nous ferons tout ce qui est nécessaire, et nous sommes prêts à intervenir à nouveau si cela est nécessaire » et a ajouté, en français cette fois-ci, « même avec des moyens sans limite ». Pour reprendre les mots d’Olivier Delamarche lors de son intervention à BFM Business de mardi dernier, le « Black Friday » des Etats-Unis a précédé la « Black Week » européenne : cette semaine, l’Europe a versé près de 130 milliards d’euros lors de ses différentes aides aux pays européens en situation critique.

Mais ces injections proviennent de pays qui n’en ont pas les moyens, en un mot la solution consiste à ajouter de la dette à de la dette pour réduire la dette… Ces différentes annonces de « transfert de dettes » ont rassuré temporairement les marchés. Comme nous l’indiquions hier, les marchés se contentent désormais de mots et sont « drogués » aux injections massives de liquidités. Les fondamentaux passent au second plan et c’est la raison pour laquelle il convient de surveiller avec une plus grande attention encore les petites phrases des acteurs sur les sujets brulants (le cas Grec, la situation espagnole, le mur budgétaire américain). Chaque rumeur sur une nouvelle injection de liquidité a donc désormais son importance et nul doute que la déclaration de Mario Draghi sous-entendait de nouvelles « Black Weeks ».

Durant l’intervention de « Super Mario », comme le surnomme la presse, d’autres signaux forts ont été envoyés : « Nous réussirons à condition que les gouvernements agissent » ou « Nous devons apprendre à partager la souveraineté ». M. Drahi plaidant en faveur d’une meilleure intégration européenne, a également appelé à une meilleure compétitivité en Europe « Le mot clé c’est la compétitivité, il faut éliminer les rigidités » faisant écho aux récentes annonces du gouvernement Hollande quant au rapport Gallois.

L‘indice parisien gagne actuellement 0,08% à 3.565 points au moment de la rédaction de cette analyse grâce aux poids lourds comme LVMH, Scheiner Electric ou Total. Le cours est actuellement en territoire neutre après avoir terminé hier près de 30 points au-dessus de son plus haut annuel. La performance du CAC 40 en novembre a été la meilleure depuis juin avec une progression de +4,18%. Les déclarations optimistes de John Boehner que nous évoquions hier ont rapidement été renversées par l’intéressé en annonçant qu’aucun progrès substantiel n’avait été réalisé en deux semaines de négociations autour du mur budgétaire américain. Les marchés semblent focalisés sur ses déclarations. Par ailleurs, la résolution de l’endettement grec à long terme n’est pas finalisée car lundi, le Bundestag (Parlement allemand) doit valider ou invalider le plan d’aide. Le résultat ne fait aucun doute mais le nombre de députés votant contre ce plan sera analysé et décortiqué avec attention.

Les éléments contextuels du jour

Publications de ce matin
En France, la consommation des ménages a baissé de 0,2% en octobre après avoir stagné en septembre. Les prix à la production ont augmenté de 0,5% en octobre après une hausse de 0,4% en septembre.

Outre-Rhin, les ventes au détail ont baissé de 0,8% en octobre et de 3,4% sur un an.

A 11:00 ont été publiés l’indice des prix à la consommation et le taux de chômage en Europe. Ces résultats sont respectivement de 2,2% et de 11,7%.

Retour de la croissance au second semestre 2013 ?
Selon Mario Draghi, interrogé par Europe 1 ce matin comme nous le développions ci-dessus, « La reprise pour l’ensemble de la zone euro démarrera sans doute au second semestre 2013 ».

Chypres demande 10 milliards d’euros
La « Black Week » évoquée par Olivier Delamarche faisait notamment référence à l’aide demandée par Chypres. Le pays prévoit de demander jusqu’à 10 milliards d’euros à ses créanciers internationaux pour recapitaliser son système bancaire, en grande partie exposé à la Grèce.

Vers un accord commercial UE/USA ?
Voilà plusieurs semaines que nous évoquons de temps en temps dans nos éléments contextuels un possible accord commercial entre l’Union Européenne et les Etats-Unis. Selon Hillary Clinton, cet accord est un « impératif stratégique et économique ». Proche soutien et conseillère de Barack Obama, Mme. Clinton pourrait accélérer un tel accord qui « consoliderait notre compétitivité mondiale et créerait des emplois en générant des centaines de milliards de dollars pour nos économies ». Selon les analystes, la production européenne pourrait augmenter de 122 milliards d’euros par an. Des négociations entre Bruxelles et Washington pourraient commencer dès 2013.

Vers un accord commercial UE/Japon ?
Dans le même registre, la France a donné hier son feu vert à la négociation d’un accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Japon. « Cet accord doit conduire à une augmentation de nos exportations vers ce grand marché » a indiqué le ministère français du Commerce extérieur. Plus de 400.000 emplois pourraient être créés pour répondre à cette nouvelle demande en Europe. La production européenne pourrait ainsi augmenter de 1,9% soit 320 milliards d’euros d’ici 2020 selon la Commission européenne. Selon ces mêmes estimations, la production nippone pourrait augmenter de 0,7%.

Le point technique du jour

Le point technique du jour se focalisera sur la valeur du CAC 40.

Niveau actuel
Le niveau actuel du CAC 40, au moment de la rédaction de cette analyse, est de 3 465 points.

Recommandations en intraday
Le marché semble avoir totalement digéré le consensus trouvé entre les bailleurs de fonds autour du niveau d’endettement supportable à long terme pour la Grèce. La préoccupation majeure des investisseurs est désormais la résolution du mur budgétaire américain. Encore une fois, il faudra surveiller les petites phrases et notamment les déclarations de John Boehner.

En intraday, une analyse accessible au plus grand nombre pour la détection des mouvements du sous-jacent peut reposer sur deux Moyennes Mobiles Pondérées (5) et (21) et sur un RSI (5). Cette technique particulièrement simpliste ne doit pas être utilisée si une publication majeure doit être révélée sous une heure et n’est recommandée que dans les heures d’ouverture et de bonne volatilité du sous-jacent. Quand les deux Moyennes Mobiles Pondérées constituent un empilement haussier et que l’oscillateur franchit le cap des 60, un signal de poursuite haussière est donné. A l’inverse, quand les deux Moyennes Mobiles Pondérées constituent un empilement baissier et que le RSI (5) casse le cap des 40, une baisse est attendue. Les points de sorties peuvent être indiqués par le changement de tendance des Moyennes Mobiles.

Dans le cas présent (voir graphique), cette méthode nous indiquait un signal d’achat autour de 3 485 points pour atteindre le niveau actuel de 3 565 points. La hausse n’est sans doute pas terminée puisque nos signaux de sortie ne sont pas encore visibles.

Supports / Résistances
Le point pivot du sous-jacent est à 3 470 points.

Un niveau d’achat réaliste peut être établi au-dessus de 3 505 points avec des cibles à 3 580 points et à 3 600 points par extension. Nous évoluons actuellement dans ce scénario.

En cas de cassure baissière de 3 470 points, les cibles envisageables à la vente sont à 3 450 points et 3 435 points par extension.

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