L’année 2016 aura été tumultueuse pour la Turquie. Entre une situation politique délicate et une économie à bout de souffle, Erdogan ne peut qu’espérer de meilleures perspectives pour l’année à venir.
Sur le plan politique, la tentative de coup d’état manquée a renforcé le Président qui a fait arrêter massivement les opposants et autres militaires, journalistes et magistrats accusés d’implication dans le coup. En regard de la politique extérieure, la Turquie souhaite freiner le renforcement des kurdes en Syrie, tout en combattant leur ennemi commun, l’Etat Islamique. Rajoutons à cela une vague d’attentats terroristes visant la société civile et il en résulte une insécurité montante.
Avec une activité touristique en baisse, c’est la croissance et la devise du pays qui en accusent le coup. La Turquie est par ailleurs vulnérable aux remontées des taux américains et souffre actuellement de la remontée du dollar. Le pays est tributaire de son taux de change puisque les sociétés turques dépendent fortement des capitaux étrangers et s’endettent en devises. Dès lors, une baisse de la livre alourdit le poids de leur dette. Heureusement, la consommation des ménages supportée par la progression constante des salaires apporte son soutien à l’économie.
Tous ces éléments ont fragilisé l’économie du pays et ont amené la livre à un plus bas historique, s’échangeant actuellement à 3,88 livres pour un dollar ou 4,08 pour un euro. Sur l’année 2016, la devise s’est dépréciée de 17% contre le dollar américain. Elle s’est encore enfoncée de 9% depuis le début de l’année, signant ainsi le record de la moins bonne performance de 2017.
Vers une reprise économique ?
Selon le gouvernement, ces effets négatifs sont temporaires et vont être contrecarrés grâce aux réformes visant à améliorer l’économie du pays et à stopper le déclin de la livre en essayant d’amoindrir les effets négatifs de la géopolitique. « Bien que les interrogations quant au court-terme soient fondées, les perspectives à moyen et long-terme du pays sont extrêmement positives », affirme le Premier Ministre Mehmet Simsek.
La Banque centrale est tiraillée entre une hausse des taux d’intérêt dans le but de soutenir la devise et une baisse des taux afin de renforcer la croissance. Ce mardi, elle a tenté en vain de mettre un terme à la chute de la monnaie en baissant son ratio de réserves de change. Pour cela, elle a injecté 1,5 milliards de dollars qu'elle détenait en réserve, en rachetant pour l'équivalant de livres turques. Ses réserves de change ont dès lors atteint un plus bas depuis quatre ans et la monnaie poursuit tout de même sa déprécation.
Comme le disait le baron Rothschild, c’est souvent quand tout va mal qu’il faut investir. Pour les investisseurs désireux de se positionner sur le marché turc, plusieurs options sont envisageables.
Pour parier sur la reprise économique, il est possible d’investir dans des obligations d’émetteurs turcs libellées en devises étrangères. C’est le cas par exemple de l’obligation Arçelik AS (3,875% - 2021), qui offre un rendement de 3,46% sur base d'un cours de 101,75%. Elle s’échange par coupure(s) de 100.000 euros et se trouve dans le haut de la catégorie spéculative, avec un rating BB+ chez Standard & Poor’s. Citons également, dans le secteur bancaire, l'obligation Export Credit Bank of Turkey (5,375% - 2021), qui peut être achetée aux alentours de 97,50%, de quoi tabler sur un rendement annuel de 6,08%.
Une autre option, pour parier cette fois sur une appréciation de la monnaie, serait les obligations d’émetteurs plus solides libellées en livres turques, comme par exemple l’obligation EIB (9,125% - 2020), notée AAA chez Standard & Poor’s.