Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Dans mon article d’avant-hier, je vous faisais savoir que j’allais aborder incessamment la saison des dividendes. C’est chose faite aujourd’hui !
Cette période de l’année peut se révéler fort appréciable. Correctement anticipée, elle peut en effet déboucher sur de bonnes opportunités en matière de « paiements de court terme ».
Pour commencer, une petite piqûre de rappel. Concernant les dividendes, deux notions ou plutôt deux dates sont à retenir : celle du détachement et celle du paiement.
La première correspond à la date à partir de laquelle l’action cote hors coupon. La seconde correspond quant à elle au jour où, en tant qu’actionnaire, votre compte est crédité du montant dudit coupon.
Par ailleurs, la date de versement survient généralement quelques jours après le détachement, un ou deux mois tout au plus dans certains cas.
Prenons le cas de Nexity l’an passé. Le détachement a eu lieu le 5 juin 2018 et le versement effectif du coupon est intervenu le surlendemain. Cela se traduit de la façon suivante sur ce graphique journalier :
On observe que le titre ouvre ici un « gap » (le rectangle noir ci-dessus). Les courtiers peuvent ou non répercuter le dividende directement, mais le principe de fond reste le même : pour pouvoir prétendre à toucher le coupon, devenir actionnaire la veille du jour du détachement suffit !
De fait, il est inutile d’attendre ou de conserver à tout prix l’action jusqu’à la date de versement pour toucher le coupon.
Acheter Nexity le 4 juin et décider de revendre l’action le surlendemain (alors qu’elle cotait désormais sans son dividende) n’aurait cependant eu aucun intérêt, sachant que le montant du coupon détaché correspond au gap constaté le jour du détachement.
Le mieux est en fait d’acheter quelques jours ou quelques semaines avant la date de détachement et de conserver ensuite l’action un minimum de temps, avec l’objectif qu’elle reviendra au même niveau qu’avant le détachement (combler le gap donc). Nous « offrant » donc gracieusement le coupon détaché dans l’intervalle.
Maintenant, en pratique, il existe deux options pour que l’action puisse remonter et « combler son gap » :
– Soit le titre peut se prévaloir d’un bon newsflow intrinsèque (avec par exemple une valorisation attractive, sachant qu’une fois le dividende détaché, la valorisation et autres PER instantané deviennent mécaniquement d’autant plus réduits) ou d’un newsflow porteur, comme ce fut le cas pour Nexity au printemps dernier avec le relèvement des objectifs de moyen terme de la société immobilière.
– Soit que le marché remonte dans les semaines qui suivent. Or, vu le contexte actuel, c’est justement ce second point qui cloche désormais…
Un CAC 40 GR au zénith
Encore une fois, s’agissant des « paiements de court terme », l’idée implicite est d’acheter certains titres au rendement attractif dans l’anticipation qu’une fois le dividende détaché, le cours remontera dans le « gap » ouvert le jour du détachement, procurant ainsi autant de cash « gratuitement ».
Une perspective envisageable à condition que les marchés ne soient pas trop hauts à l’aube des détachements de coupon. Or, le CAC GR (NDLR : le CAC40 + les dividendes) a inscrit de nouveaux records historiques (cf. les pointillés noirs sur le graphique journalier ci-dessous).
Dans ce contexte, une poursuite de l’orientation haussière des indices à court terme (d’ici septembre globalement) paraît assez peu probable. En conséquence de quoi, alors que l’un de mes deux grands axes de soutien sur cet aspect dividende fond comme neige au soleil, à mesure que la remontée des marchés se poursuit, j’en viens même à me demander si faire un gros « cash in » sur l’ensemble de mes actions ne serait pas opportun.
Sans même parler de certaines « recovery » (comme Renault (PA:RENA), Nexans (PA:NEXS) ou plus récemment Vallourec (PA:VLLP)), les valeurs de rendements qui figurent dans le portefeuille de mon service BAQPRO et ont été achetées en ce sens dernièrement se tiennent bien.
Les parcours récents de Natixis (PA:CNAT), Société Générale (PA:SOGN), Bouygues (PA:BOUY) ou encore Coface sont appréciables. Lorsque je me suis positionné sur ces titres, les rendements respectifs à suivre étaient de 18, 8,5, 5,5 et 10%. Toutefois, à mesure que la hausse des cours se poursuit, la rentabilité reflue mécaniquement. Or, alors que le bal des détachements de dividendes a débuté (après les 0,50 € détachés par Vivendi (PA:VIV) en début de semaine, plusieurs bigcaps comme LVMH (PA:LVMH), Vinci (PA:SGEF), L’Oréal ou encore Bouygues lui emboîteront le pas ce mois-ci), on peut redouter que le marché ne l’a pas déjà « pricé ».
Personnellement, je vais profiter du long week-end pascal qui se profile pour trancher sur cet aspect. En attendant, gardez bien en tête ces deux proverbes boursiers : « les hausses naissent dans le pessimisme, se forment dans le scepticisme, se développent dans l’optimisme et meurent dans l’euphorie » ; d’où le célèbre « Sell in may and go away » … qui pourrait bien être des plus opportuns en ce printemps 2019 !
Redevenir quasi 100% liquide ? La dernière fois que j’ai eu ce ressenti, c’était à la fin du mois de septembre. Et chacun a en tête les semaines désastreuses qui ont suivi…