Sous la menace d'une dégradation depuis plusieurs mois, la note de la dette souveraine sud-africaine a été reléguée lundi soir dans la catégorie spéculative chez Standard & Poor’s.
Les emprunts d’Etat sud-africains sont désormais notés « BB+ », avec une perspective « négative » associée à la note. En d’autres termes, une nouvelle dégradation n’est pas à exclure à moyen terme.
Dans son rapport, Standard & Poor’s justifie sa décision sur base de l'incertitude politique et institutionnelle créée par le remaniement ministériel décidé par le président Jacob Zuma, qui vient de nommer une dizaine de nouveaux ministres, la plupart faisant partie de sa garde rapprochée.
Le ministre des Finances Pravin Gordhan, champion de la lutte contre la corruption et adversaire principal du chef de l'Etat, fait office de principale victime de ce coup de force.
Il faut dire que cela faisait plusieurs mois que ces deux figures politiques étaient en désaccord, le premier souhaitant une politique budgétaire plus expansionniste pour soutenir une économie en difficulté, le second étant davantage partisan de la discipline budgétaire.
Standard & Poor’s juge à ce titre que l'éviction de Pravin Gordhan crée un risque de dérapage budgétaire, précisant que les changements initiés par le président Zuma font également peser des risques sur les perspectives de croissance.
Sanction des marchés
Ce coup de balais ministériel a également été sanctionné par les marchés financiers, qui appréciaient la droiture de Pravin Gordhan. Le rand a en effet perdu non moins de 8% face à l’euro depuis l’annonce du remaniement ministériel.
L'Afrique du Sud, premier pays industrialisé du continent, reste pour le moment dans la catégorie investissement chez Moody’s, qui lui attribue un rating « Baa2 ». L’agence a toutefois annoncé lundi soir avoir placé la dette du pays sous surveillance, en vue d'une potentielle dégradation.
Profiter de la faiblesse actuelle du rand ?
Si vous souhaitez profiter de ce net repli de la devise sud-africaine, vous pouvez vous positionner sur l’obligation de la Banque européenne d’investissement, remboursable en 2026 et rémunérée par un coupon de 8,125%, à un cours actuel de 95% du nominal.
Le rendement annuel de cette obligation, qui se traitait encore à 97% du nominal la semaine passée, atteint près de 9%. La coupure est fixée à 5.000 rands, soit approximativement 345 euros sur base des derniers taux de change.
Cette émission, de type senior non-sécurisé, est notée « AAA » auprès des trois grandes agences de notation, la meilleure note possible. En d’autres termes, le risque de ce placement financier est quasi exclusivement porté sur la devise d’émission.
Sur une durée plus courte, l’obligation émise par la banque publie allemande KfW, elle aussi notée « AAA », offre un rendement annuel de 8%, sur base d’un cours indicatif de 98% du nominal, d’une maturité égale au 21 janvier 2019 et d’un coupon de 7%.