Pierre Moscovici plaide pour un allègement de la dette hellénique, ce dont l'Allemagne et Wolfgang Schäuble ne veulent absolument pas entendre parler. Pour l'Allemagne, la Grèce doit payer l'intégralité des sommes négociées lors des accords signés l'été dernier... même si chacun sait que ce pays est incapable de faire face à ses échéances.
Et le FMI le reconnaît ouvertement et a donc menacé de se retirer du plan de soutien dès lundi prochain, le 20 février, si aucune solution n'était proposée. Le 20 février, c'est dans trois jours... Vous êtes prêt à des tensions sur la zone euro ? parce que ça risque de secouer fortement.
La Troïka ne fera donc rien, sachant que ses statuts lui interdisent de prêter à un pays notoirement insolvable et la Grèce le resterait même en détruisant encore plus impitoyablement les ultimes décombres de son système social.
Sur le papier, la Grèce peut pourtant payer...
En ce qui concerne les excédents primaires de la Grèce qui justifient, aux yeux du gouvernement allemand, de se montrer intraitable puisque la Grèce peut payer (sur le papier), ils ne sont que le fruit d'acrobaties comptables et d'interprétations hédonistes des flux financiers largement fictifs. Le pays reste complètement au fond du gouffre économique et subit une récession aussi profonde que celles des Etats-Unis de fin 1929 à 1933... mais qui dure désormais depuis deux fois plus longtemps.
Si le FMI se retirait, la Grèce et ses banques perdraient le soutien de la BCE et devrait faire appel au MES (encore des emprunts, encore plus de dettes) ; le pays franchirait un nouveau cran dans l'assujettissement à ses créanciers européens, chacune de ses dépenses, chaque initiative budgétaire étant soumise à autorisation.
La Grèce perdait ainsi toute forme de souveraineté, dans des proportions jamais observées depuis la Seconde Guerre mondiale, l'occupation militaire en moins et les réunions de crise dans les beaux hôtels en plus...