Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Ah, le Brexit… Perspective cauchemardesque pour les européistes convaincus, question de survie pour les eurosceptiques, interminable feuilleton pour tous.
L’actualité politique étant largement dominée par cette saga incertaine et palpitante au possible, je ne vous soumettrai pas de plan de trade en ce milieu de semaine – une fois n’est pas coutume –, préférant plutôt vous livrer une série d’observations à même de permettre à tout un chacun de tirer ses propres conclusions quant à ce qu’il pourrait advenir.
Tout en gardant à l’esprit que les élections européennes approchent à grands pas, aussi conviendra-t-il de garder l’œil (et les graphiques) bien ouverts…
Une chose est sûre, et il s’agit là d’un classique en Bourse : il est préférable de croire ce que l’on voit, plutôt de croire à … ce que l’on croit ou à ce que l’on nous raconte.
Démonstration par l’exemple avec un suivi (technique) de cette « affaire » du Brexit, qui remonte au référendum historique de juin 2016. Une majorité d’électeurs britanniques s’est donc prononcée à l’époque en faveur d’une sortie de l’UE. Fin mai, alors que la tension commençait à sérieusement monter, nous avions jeté un coup d’œil aux graphiques et là, stupeur ! En effet, il ressortait de l’analyse de l’époque que les marchés voyaient plutôt le Brexit comme une bonne chose pour le Royaume-Uni.
Dans les faits, pour dérangeant que cela ait pu être aux yeux du plus grand nombre, force est d’admettre que c’est juste au moment où le résultat du référendum (le segment vert sur le graphique ci-après) a été connu que les marchés se sont envolés. Avec une hausse de 30% du Footsie100 qui a laissé plus d’un économiste pantois.
Quoiqu’il en soit, l’indice de référence de la Bourse de Londres a, schématiquement, grimpé irrésistiblement jusqu’à venir toucher une résistance dans la région des 7 800 points. C’est alors qu’un nouveau plan de trade (la pastille orange) a fait ressortir un grand risque de correction vers le support horizontal des 6 600 points.
Des marchés à rebours du discours dominant
Avançons maintenant au début de l’année (la pastille bleue). Une sortie sans accord se précise, un « no deal » serait une catastrophe, et c’est le bon moment pour rouvrir les graphiques et procéder à une nouvelle analyse.
Avec une conclusion identique : quand la catastrophe annoncée se profile, les marchés repartent fortement à la hausse, avec un Footsie100 qui s’est même offert le luxe de dépasser l’objectif de rebond fixé vers 7 200 points.
Il y a donc, de toute évidence, une nette différence entre ce que les acteurs du marché disent et ce qu’ils font. Un « gap » qui donne forcément à réfléchir…
Pour en revenir à l’actualité brûlante, cette semaine devrait être marquée par la concrétisation ou non d’un nouveau report. Auquel cas, il est probable que le Footsie100 recommence à consolider.
Mais ce qui est sûr, c’est que la Bourse ou les médias nous tendent parfois des pièges grossiers dans lesquels la lecture d’un simple graphique permet de ne pas tomber. C’est pourquoi il faut appréhender les choses sans préjugé et sans biais.
Plus difficile à faire qu’à dire, très certainement.
Bonne séance,
Gilles