Le dollar américain a chuté contre toutes les principales devises hier, après que les demandes d'allocations de chômage aient dépassé 3,2 millions. Nous n'avons jamais vu de demandes hebdomadaires de chômage à ces niveaux auparavant. Elles sont plus de quatre fois supérieures au précédent record fixé en octobre 1982 et le double des 1,5 million de demandes prévues.
Suite à ce rapport, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, avait accordé une rare interview à l'émission Today de la NBC pour rassurer les investisseurs sur le fait que la Fed "ne va pas manquer de munitions" et qu'elle dispose encore "d'une marge de manœuvre dans d'autres dimensions pour soutenir l'économie".
Le marché a bien réagi à ce message, les contrats à terme sur actions ayant ignoré les pertes affichées suite à la publication des chiffres, pour clôturer la session de New York en territoire positif. Le dollar américain a terminé la journée en baisse de 1% par rapport au yen japonais, à la livre sterling, aux dollars australien et néo-zélandais. L'USD/JPY est passé sous la barre des 110. Il y a un fort soutien à 109 mais nous voyons la paire passer sous les 107.
Considérant que les prochains rapports sur les demandes d'allocations chômage pourraient être encore pires, avec des demandes hebdomadaires bien supérieures à 5 - 7 millions, de nombreux investisseurs se demandent si le rallye des actions d'hier indique réellement un creux. Il est difficile d'imaginer que ce soit le cas, car ce n'est que le début d'une longue période de demandes d'allocations chômage très élevées. La baisse des rendements du Trésor et la chute du dollar américain indiquent que les investisseurs ne sont pas convaincus que la promesse de Powell de continuer à inonder le marché de liquidités et le plan de relance économique de la Maison Blanche suffiront à redresser les marchés.
Cela étant dit à très court terme, le rallye des actions pourrait se prolonger jusqu'à vendredi, d'autant plus que la Maison Blanche va se saisir demain du projet de loi de relance de la lutte contre le coronavirus et que, selon Nancy Pelosi, le paquet de 2 billions de dollars devrait être adopté avec un fort soutien bipartite. Les chiffres sur les revenus et les dépenses personnelles aux États-Unis devraient être publiés vendredi, alors que la croissance plus faible des revenus horaires moyens et des ventes au détail signale une faiblesse, les baisses des données de février ont été modestes car elles ne reflètent pas le véritable impact de la COVID-19.
La livre sterling a rebondi, la Banque d'Angleterre ayant maintenu ses taux d'intérêt inchangés à un niveau record de 0,1 % et son programme d'achat d'actifs étant resté stable à 200 milliards de livres sterling. Le gouverneur Andrew Bailey a mis en garde contre un ralentissement important et brutal avec le risque de dommages à long terme pour l'économie. La forte baisse du taux de change pourrait également entraîner une hausse de l'inflation à long terme et, à ce titre, la banque centrale est prête à réagir davantage si nécessaire. Les ventes au détail au Royaume-Uni ont chuté de 0,3 % le mois dernier, les dépenses de base ayant diminué de 0,5 %. Ces chiffres ont été plus mauvais que prévu, mais des baisses plus importantes sont attendues dans les mois à venir.
L'EUR/USD a largement dépassé 1,10. Il y a peu de nouvelles pour soutenir le rallye, laissant la faiblesse du dollar américain comme seule raison de ce mouvement. Le nombre de décès dus au coronavirus en Espagne a officiellement dépassé celui de la Chine, devenant ainsi le deuxième plus élevé au monde. Le système de santé s'effondre sous le poids de la maladie et l'économie va suivre. En Italie, le nombre de décès a dépassé les 7 000 (l'Espagne en compte 4 000), mais le nombre de nouveaux cas a chuté pour le quatrième jour consécutif, ce qui laisse espérer que la courbe s'aplatit.
Malheureusement, le bilan économique des deux pays et de la zone euro dans son ensemble sera lourd, plus que dans d'autres parties du monde. Nous continuons à anticiper une baisse de l'euro.