Les emprunts Abengoa ont connu des fluctuations dignes des montagnes russes ces dernières heures, sur fond de confusion et d'interrogations sur les règles financières appliquées par le groupe espagnol d’énergie renouvelable. Vouées aux enfers vendredi, les obligations se sont reprises lundi, grâce aux propos rassurants de la compagnie.
Tout est parti de la publication des résultats trimestriels le 12 novembre dernier. Abengoa précisait alors qu’il classait ses obligations « vertes » (« green bonds ») émises en septembre dernier par la structure financière Abengoa Greenfield, en « dette sans recours ». Le hic c’est que les investisseurs pensaient que ces titres autorisaient les créanciers obligataires à se retourner contre la maison-mère espagnole, en cas de défaut de l’émetteur.
Qu’est-ce qu’un financement sans recours
Le financement « sans recours » est réalisé sur la base d'un projet ou d'un actif qui assure le remboursement de la dette grâce aux revenus générés. Le prêteur des fonds renonce en général à tout recours contre le promoteur. Ces projets (ou actifs) sont en général logés dans une société spécifique. Cela permet à l’initiateur de l’opération de ne pas reprendre ces dettes dans son bilan, neutralisant par la même occasion toute influence sur ses ratios financiers.
Abengoa Greenfield
Dans le cas présent, les obligations récemment émises l’ont été par Abengoa Greenfield (« B2 » chez Mooyd’s ; « B » chez S&P) un véhicule d’investissement spécialement créé à cette occasion par le groupe espagnol. Les titres répondent aux normes des « green bonds ». Ils ont pour but de financer des projets spécifiquement destinés à lutter contre le réchauffement climatique.
Envol des rendements
L’incertitude sur le degré de garantie de ces titres a suscité la polémique. Certains investisseurs, furieux de l’annonce d’Abengoa (MADRID:ABG), ont préféré solder leurs positions ce qui a provoqué une envolée des rendements vendredi.
Lundi, l’entreprise basée à Seville s’est employée à rassurer les investisseurs, précisant que si les dettes visées étaient classifiées « sans recours », elles n’en n’étaient pas moins garanties et disposaient des mêmes sécurités que les dettes classifiées « avec recours ». Dans un geste d’apaisement supplémentaire, le spécialiste de l’énergie renouvelable a laissé entendre qu’il avait mis de côté 600 millions d’euros pour racheter des emprunts arrivant à échéance à court terme. Il entend également rencontrer les investisseurs cette semaine et dissiper tout malentendu.
Les propos de la Direction du groupe ont provoqué une nette baisse des rendements des obligations. L’obligation Abengoa Greenfield (5,50% - 2019) propose désormais un rendement annuel de 8,50% contre 16% vendredi dernier à la clôture des marchés. L'obligation Abengoa Finance SAU (8,875% - 2018) offre pour sa part un rendement annuel de 10,50%. Pour rappel, le double précompte est de vigueur dans le cas de ces obligations espagnoles.