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Le pétrole va-t-il rebondir ou le contexte ne le permet-il pas encore ?

Publié le 01/03/2016 09:42
Mis à jour le 02/09/2020 08:05
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par Clément Thibault

Investing.com - L'une des analogies les plus célèbres concernant le market timing est la suivante: On ne rattrape jamais un couteau qui tombe. Cependant, lorsque l'on parle du prix du pétrole, cette analogie pourrait avoir une interprétation différente. Que feriez-vous si vous saviez déjà qu'il existe un patron historique de ce type : le couteau tombe toujours, touche le sol, puis revient vers vous, le manche pointant vers vous plutôt que la lame ? Que feriez-vous alors ?

Le prix du pétrole reste un couteau, bien sûr toujours aussi dangereux, mais son parcours est bien différent de la notion communément acceptée du couteau qui tombe. Lorsque l'on voit les cours du jour, le pétrole semble être un couteau maîtrisé. En effet, historiquement, lorsque le prix du pétrole brut chute de façon dramatique, il renaît toujours de ses cendres. Et, pour ceux assez courageux pour se positionner à l'achat au niveau le plus bas, il y a de gros profits à réaliser - en fin de compte.

Au vu des dix dernières années, le prix du pétrole a plusieurs fois chuté puis est remonté. Bien que les prix se situent aujourd'hui sur les plus bas de la dernière décennie, avec un recul de 75 % depuis l'été 2014, il ne s'agit cependant pas là de la plus grosse chute ininterrompue des dix dernières années.

En effet, « l'honneur » en revient à l'effondrement des matières premières qui avait duré six mois, entre juillet 2008 et janvier 2009. À ce moment-là, les prix du pétrole avaient chuté de 78 %, passant de 147 $ le baril à 32 $.

La première vraie chute des prix de la dernière décennie, si l'on observe les faits de façon chronologique, a eu lieu entre juillet 2006 et janvier 2007. Au cours de l'été 2006, les prix ont atteint 78 $ le baril après, entre autres, le conflit entre Israël et le Hezbollah à la frontière nord du pays.

Les prix ont ensuite poursuivi leur chute, en partie à l'automne 2006 et sa saison des ouragans, plutôt clémente, alors qu'il s'agit d'une période de l'année pendant laquelle les plateformes pétrolières sont évacuées pour assurer la sécurité des travailleurs, limitant ainsi l'approvisionnement et provoquant une remontée des cours. Cependant, la production ne s'en ressentit pas,entraînant une baisse des prix de l'or noir, alors que les effets sur les cours de la saison des ouragans avait déjà été prise en compte par les marchés.

En janvier 2007, un baril de pétrole se vendait juste en-dessous de 50 $, soit une chute significative de 36,35 %. Certains lecteurs se souviennent peut-être des événements suivants : six mois après cette baisse, le prix du pétrole est remonté en juillet 2007 presque au même niveau que l'année précédente, soit 78 $ le baril. Cette remontée, soutenue par la forte demande asiatique, avait offert aux investisseurs un rendement supérieur à 56 % sur un semestre.

L'autre chute du prix du pétrole de la décennie a eu lieu au cours de la seconde moitié de 2008. La forte demande asiatique, ainsi que la croissance de l'investissement provenant d'investisseurs découvrant le secteur des matières premières, a catapulté le pétrole en territoire inconnu, avec un prix supérieur à 147 $, chiffre le plus élevé jamais enregistré.

Peu après, la crise économique mondiale a mis à genou le monde financier et avec lui le pétrole, car les prix du pétrole se sont plus qu'effondrés, atteignant 32 $ le baril en janvier 2009, avec un rendement négatif de -78 %. Les pessimistes ont prédit la fin du monde à ce moment-là, mais les optimistes perspicaces ont été généreusement récompensés.

Les prix du pétrole ont grimpé à 73 $ en juin 2009, soit 126 % de hausse en six mois. Beaucoup ont trouvé cette reprise étrange (et difficile à expliquer), et l'ont attribué au programme QE1 de la Réserve Fédérale américaine.

Prix du pétrole brut et USD/EUR 2009-2010

Graphique : Trading NRG

Le Printemps Arabe de 2010 et la crise libanaise ont mené à des prix du pétrole plus élevés en 2011, allant jusqu'à 114 $ en mai. La crise de la dette grecque a ensuite pesé sur les actions et sur les matières premières, faisant chuter les prix depuis les sommets sur lesquels ils se trouvaient.

Une baisse des prévisions de la demande d'énergie et les craintes d'une possible récession ont de plus fait baisser les prix à 75 $ en septembre la même année, soit une perte de valeur de 34 %. Et le paysage géopolitique changea encore une fois.

L'Iran, mécontente des sanctions à l'encontre de son ambition nucléaire, a effrayé les investisseurs qui pensaient que le régime perse pourrait fermer le Détroit d'Ormuz, ce qui aurait provoqué une pénurie mondiale d'énergie. Cette peur a entraîné une montée en flèche du prix du pétrole, à 110 $ le baril en mars 2012, soit une montée de plus de 47 % depuis les bas de septembre.

Plus récemment, il y a un an et demi pour être précis, l'augmentation de la production de schiste aux États-Unis, associée à une baisse de la demande mondiale, a alimenté le problème d'un important excédent mondial auquel nous faisons actuellement face. Le prix du pétrole a chuté depuis juillet 2014, où il était à 106 $, jusqu'à 43 $ le baril en janvier 2015.

Cependant, le pétrole étant ce qu'il est, la volatilité du marché a démontré être bénéfique à ceux qui sont disposés à "saisir le couteau". La décision de la Réserve Fédérale de ne pas augmenter les taux d'intérêts au plus tôt ainsi que le ralentissement de la production des forages de schiste aux États-Unis et la violence au Yémen ont à nouveau fait remonter les prix, à 62 $ en mai 2015, soit un gain de 43 % depuis le plus bas atteint avec les craintes liées à l'excédent d'offre.

Pétrole graphique mensuel 2006-2016

Il existe donc ici une tendance claire. Tout d'abord, il devrait être établi que les changements soudains de circonstances géopolitiques impactent les prix des matières premières, même si la matière première, ici le pétrole, témoigne d'une tendance au rebond évidente et éprouvée.

Depuis les années 1980, chaque fois que l'Arabie Saoudite a inondé le marché du pétrole - c'est le cas actuellement - au même moment, le royaume a rabaissé sa production tandis que les autres membres de l'OPEP concédaient aussi quelques réductions de production, afin de relancer les prix tout en démontrant leur contrôle sur les marchés du pétrole.

Cependant le panorama actuel du marché du pétrole a amené le plus gros exportateur mondial à pousser son activité d'extraction à plein régime, afin de faire sortir les plus petits acteurs du marché, - comme les puits de forage de schiste américains et les exploitants de sables bitumeux canadiens - et ainsi disposer également d'une part de marché supplémentaire.

Il semblerait que les intentions de l'Iran soient similaires. Après avoir souffert des sanctions internationales pendant des années, Téhéran est désireuse d'accroître sa productivité jusqu'à ce que les niveaux d'exportation soient équivalents à ceux antérieurs aux sanctions, ou du moins proches. Cela signifierait qu'au moins un million de barils supplémentaires de pétrole iranien inonderaient quotidiennement un marché déjà excédentaire.

Il semblerait que les prix s'inscrivent dans une course à la baisse, comme jamais auparavant, une compétition que les Saoudiens, Américains et Iraniens pensent chacun pouvoir remporter. La question centrale devient alors, qui sera finalement le premier à craquer sous la souffrance des prix bas ?

Pour les investisseurs, cette question est d'autant plus significative. Combien de temps faudra-t-il encore attendre avant que cette tendance ne s'inverse et que le rebond ne commence enfin ?

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