La décision prise par la Banque centrale européenne jeudi 10 mars d’accentuer son programme de rachats d’actifs de 60 à 80 M€ par mois en baissant encore son principal taux directeur continue à faire des heureux.
En effet, cette politique maintient entre autres les taux longs à un niveau très bas…
Le 10 ans allemand offre un rendement de 0,24% tandis que le 10 ans français, certes deux fois plus cher, mais offre un rendement de 0,50% à 10 ans. Cela extrêmement attrayant pour la France, dont la charge de la dette (le remboursement des intérêts) baisse mécaniquement.
Mais cette baisse des taux est également une très bonne nouvelle pour les grandes entreprises qui peuvent ainsi continuer de se financer à des conditions idéales.
Le crédit est désormais quasiment gratuit pour certains groupes, même si leur notation n’est pas exceptionnelle. Prenons par exemple le cas de Faurecia (FR0000121147). En dépit d’une notation crédit encore assez basse (Ba2 chez Moody’s, soit une note en catégorie spéculative), la société a réussi une émission obligataire de 700 Mns€ sur 6 ans… pour un coupon de 3,625%. Un ami d’une grande salle de marché m’a avoué que l’opération s’est placée comme une lettre à la poste, compte tenu du coupon proposé et d’une forte demande des investisseurs institutionnels.
Si les taux avaient été plus élevés, nul doute que Faurecia aurait du verser un coupon bien plus important, autour des 5%. Une aubaine donc pour le groupe qui profite des taux bas pour pouvoir se financer à un taux qu’elle n’aurait jamais pu proposer avec sa notation actuelle.
D’autres émetteurs sont encore mieux lotis, car leur situation financière est encore plus saine. Valeo (PA:VLOF) (FR0000130338), l’‘équipementier automobile , vient de placer 600 Mns€ à 10 ans avec un coupon de 1,625% ! Rendez-vous compte ! Ça veut dire que la société rembourse sur cet emprunt 9,8 Mns€ par an… Une goutte d’eau quand on sait que Valeo a dégagé l’an dernier un résultat opérationnel de 1,1 M€.
Il faut bien comprendre que tout cet argent obtenu à des conditions extrêmement favorables devrait permettre à certaines entreprises d’accélérer leur développement et leurs investissements.
Plus besoin de lever de l’argent via les marchés actions au prix souvent d’une forte dilution et des notes d’opération très contraignantes quand on peut l’obtenir à des prix défiant toute concurrence et rapidement sur les marchés obligataires. D’autres opérations sont imminentes, accréditant l’idée que ce mouvement risque de perdurer.
Il faudra certes rembourser… mais pour l’instant qui s’en soucie ? Qui se soucie des perspectives de croissance quand on a de l’argent en plus, quasi gratuit… ?