Les rendements souverains de l’Italie sont clairement orientés à la hausse, victimes du mouvement d’aversion lié à la crise monétaire en Turquie et les déclarations de responsables politiques italiens.
La chute de la livre turque et les doutes sur la capacité de la banque centrale de Turquie à faire face à la situation, via un net relèvement des taux directeurs, incitent les investisseurs à vendre leurs positions sur les marchés émergents, et à solder leurs actifs considérés comme les plus risqués. Les dettes des pays périphériques à la zone euro en font partie.
Pour la maturité 10 ans, le rendement de l'obligation générique italien a franchi le cap des 3%, pour atteindre 3,10% en clôture des marchés européens lundi, son plus haut niveau depuis juin. L’écart de rendement avec son homologue allemand, le Bund, tournait autour de 270 points de base (2,7%). Un seuil rarement testé depuis la formation du gouvernement en Italie en mai.
La dette à court terme n’est pas épargnée. Si Rome devait se financer à deux ans, elle devrait désormais proposer un rendement de 1,34% pour convaincre les investisseurs, près de 2% de plus que l’Allemagne (dont le rendement à deux ans est de l’ordre de -0,65%).
La dette italienne à court terme a elle aussi franchi une seuil symbolique, celui de 1%, après l’avoir testé à plusieurs reprises depuis la mi-mai et l’arrivée de deux partis eurosceptiques aux commandes du pays. La Ligue et le Mouvement 5 Etoiles (M5S) sont soupçonnés de vouloir faire fi des règles budgétaires de l’Union européenne et de se lancer dans une politique axée sur les dépenses.
Ces dernières heures, les déclarations en sens opposé de responsables politiques italiens par presse interposée, ont exacerbé la fébrilité des investisseurs. Le vice-président du Conseil, Luigi di Maio, a déclaré lundi au Corriere della Sera que l’Italie n’était pas exposée au risque d’une attaque sur les marchés financiers. Di Maio réagissait aux propos tenus dimanche par Giancarlo Giorgetti au quotidien Libero 24 heures avant. Le sous-secrétaire à la présidence du Conseil a indiqué dimanche que des spéculateurs allaient sans doute attaquer les marchés financiers italiens en août.