Les États-Unis rebattent les cartes sur le marché des changes. Au-delà du différend commercial avec la Chine et des tensions diplomatiques avec Ankara, Washington attise un autre front, russe cette fois.
Les États-Unis menacent Moscou de nouvelles sanctions en réponse ici à l’implication de la Russie dans l’empoisonnement (au Novitchok, un gaz innervant) de l’ex-agent double Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia en mars au Royaume-Uni. La première batterie de mesures devrait entrer en vigueur le 22 août. Elles portent sur l’interdiction d’exporter vers la Russie des produits américains jugés sensibles pour la sécurité nationale, comme des appareils ou de l’équipement électronique. Trois mois plus tard, une seconde salve de mesures, plus restrictives encore, devraient suivre. Ce second volet implique entre autre l’interdiction pour la compagnie aérienne russe Aeroflot de voler aux Etats-Unis.
A Moscou, qui conteste toutes implications dans l’agression à l’égard des Skripal, les annonces américaines sont très mal perçues. Ces sanctions, qui pourraient coûter des centaines de millions de dollars à l’économie russe, selon un responsable américain, et qui s’ajoutent à des mesures déjà en vigueur (comme celles prises en avril) peuvent être considérées comme l’annonce d’une guerre économique, a déclaré le Premier ministre russe Dmitri Medvedev. Les autorités, qui les jugent par ailleurs illégales, ont précisé qu’elles envisageaient des représailles. Ambiance !
La seule perspective de nouvelles sanctions a provoqué un décrochage majeur du rouble sur le marché des changes, portant la monnaie russe à son plus bas niveau depuis plus de deux ans face à l’euro et au dollar. Elle a perdu 10% face à la monnaie unique depuis le premier janvier et environ 15% en regard de la devise américaine.
Les investisseurs ont relégué au second plan les chiffres plutôt bons de la croissance économique. La croissance du PIB s’est accélérée à +1,8% sur un an au deuxième trimestre, après +1,3% au premier trimestre, grâce à la hausse du prix des pétroliers. Les conditions restent en place pour que la reprise s’accélère au cours des trimestres à venir, selon les économistes du cabinet Capital Economics.
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