Frères ennemis (Partie 2)
Chaque journée amène son lot de nouvelles actualités pour les deux dossiers explosifs actuels : l’Ukraine et l’avancée de l’EIIL en Irak. Hier soir, le secrétaire de la Défense américain, Chuck Hagel, a dénoncé publiquement le caractère « inédit » de l’organisation terroriste EIIL, que nous présentions dans nos précédentes analyses. Or, fait véritablement nouveau et susceptible de déstabiliser d’autant plus le Moyen-Orient : une intervention en Syrie est présentée comme une possibilité afin de combattre les positions de ce groupe djihadiste ultra-radical. Le califat décrété à cheval entre la Syrie et l’Irak est actuellement combattu par les troupes de Bashar al-Assad d’une part, et d’autre part par les troupes irakiennes, kurdes et les bombardements américains. C’est donc un tournant majeur dans ce dossier, bien qu’une intervention américaine en Syrie, quand bien même aérienne, semble dans l’immédiat exclue (du moins, avant de mener de nouvelles tractations au niveau mondial). Qu’il s’agisse du dossier ukrainien ou irako-syrien, les derniers développements que nous traitons semblent gagner en intensité et devraient perdurer pour plusieurs mois encore, comme nous le rappelions hier en séance de Live Trading. Malgré le retour progressif des volumes sur les marchés financiers, après la fin de la traditionnelle trêve estivale, ces deux axes fondamentaux seront à surveiller de près tant ils constituent des sujets massifs d’inquiétude. A la demande de l’Elysée, une conférence internationale « contre l’Etat islamique et pour la sécurité en Irak » devrait se tenir dans les prochaines semaines. D’après la plupart des experts s’étant prononcé sur le sujet à ce stade, une deuxième tentative menée par Washington et Paris pourrait donc voir le jour afin de bombarder la Syrie. Si officiellement les cibles ne sont pas les mêmes que celles présentées il y a près d’un an, l’acte en lui-même resterait dans les mémoires et jouerait en faveur de la déstabilisation du Moyen-Orient. Vaste débat ! A suivre de près.
Zoom sur l'or
Parallèlement à cette actualité, on comprend aisément l'engouement actuel pour les valeurs refuges comme l'or, l'argent ou le franc suisse. Intéressons-nous aujourd'hui à l'or. La valeur refuge par excellence évolue actuellement autour des 1 280$ l'once. L'actif s'échange désormais au sein d'un cycle baissier. En D1, le RSI (14) évolue en dehors de ses zones de tension. Nos principaux objectifs haussiers de ces dernières semaines ont été validés, et même dépassés : voir nos précédentes analyses quotidiennes (nous sommes haussiers depuis le prix de 1 246$ l'once). Si les récents mouvements de la valeur sont grandement liés aux craintes soulevées par la déstabilisation de l'Irak, par le dossier ukrainien et par le ralentissement économique en Chine, précisons quelques niveaux qui nous paraissent pertinents à court terme. Pour la séance en cours, nous privilégions un scénario baissier ayant pour point pivot les 1 292$. Au-dessus de ce niveau, les cibles envisageables à l'achat se situent à 1 298$ et à 1 304$ (cette dernière cible doit être visée avec peu de capitaux, de manière conservatrice). En scénario central, donc en dessous de ce point pivot situé à 1 292$, nous tablons sur des cibles à 1 272$ et à 1 266$. Nos objectifs baissiers d'hier ont été validés et même dépassés (CF l'analyse du 21/08/14). Néanmoins, tant que le point pivot (à 1 292$) sert de résistance, comme actuellement, nous nous concentrerons sur un trading range avec un biais baissier, en ciblant particulièrement les 1 272$. Attention, toutefois : le biais baissier peut rapidement s'affaiblir, selon l'actualité. Nos précédentes analyses sur l'or ont largement porté leurs fruits à l'occasion des dernières séances de trading.
Rappel de notre trame de fond
Les actualités pourraient se succéder sans trame de fond, mais le lecteur n'y aurait aucun intérêt. Cette troisième partie de notre analyse est donc un espace de rappel de la trame de fond qui agite actuellement les marchés financiers. Les actualités secondaires ne manquent pas mais rappelons LE grand dossier du moment : le montant alloué au programme de soutien à l'économie US piloté par la Fed est réduit, pour la sixième fois. Initialement, quelques 85 milliards de dollars étaient injectés chaque mois sous la forme d'achats d'obligations et de titres hypothécaires. Désormais, suite au sixième « tapering » (annoncé mercredi 30 juillet), ce montant mensuel est fixé à 25 milliards, amenuisant ainsi l'un des principaux leviers auprès des opérateurs boursiers. Ce fameux « QE3 » représente clairement le fil conducteur des marchés financiers en ces temps de lente et fragile reprise économique. Pour autant, la Fed devrait globalement maintenir une politique monétaire largement accommodante en 2014, bien que nous tablions sur un arrêt total du programme « QE3 » à l'automne.