Le sentiment du risque global a été soutenu en début de semaine, bénéficiant toujours des propos tenus la semaine dernière par le président de la BCE, Mario Draghi, qui avait déclaré qu’il ferait tout ce qu’il pouvait, dans les limites de son mandat, pour protéger la monnaie unique, ce qui a déclenché un rally sur les marchés des indices et parmi les actifs plus risqués. Les devises à plus haut rendement ainsi que les marchés des indices dans le monde et les devises liées aux matières premières ont clôturé la semaine en nette hausse.
Mario Draghi et la BCE devront désormais respecter leur engagement lors de la réunion de l’institution francfortoise jeudi. La BCE devrait en effet commencer par réactiver son programme d’achat de titres (SMP) mais les investisseurs semblent s’attendre à une mesure bien plus audacieuse de la part de Mario Draghi et de l’institut d’émission européen. Les dirigeants politiques européens ont jusqu’à présent eu du mal à contenir la hausse des taux espagnols et italiens. En effet, les rendements des taux à 10 ans de l’Espagne avaient atteint, juste avant les propos de Draghi, des niveaux insoutenables, niveaux qui, rappelons-le, avaient forcé la Grèce, le Portugal et l’Irlande a demandé l’aide de l’UE. Ces commentaires ont permis à Madrid de gagner du temps étant donné que les rendements ont diminué depuis mais l’opposition affichée par l’Allemagne a accentué les incertitudes des investisseurs. Mario Draghi doit rencontrer le président de la Bundesbank avant la réunion de la BCE demain, ce dernier s’étant montré critique envers le programme de rachat d’obligations de la BCE alors que Draghi tentera de gagner son soutien avant la décision monétaire du conseil des gouverneurs de la BCE demain.
Néanmoins, malgré le rally des marchés des indices et des devises liées aux matières premières en début de semaine, la monnaie unique n’est pas parvenue à accentuer ses gains et s’est éloignée d’un plus haut de trois semaines atteint vendredi dernier face au billet vert. L’Euro a été affecté par le scepticisme sur l’efficacité à long terme de mesures de la BCE et ce, malgré le communiqué commun d’Angela Merkel et de François Hollande qui ont rappelé leur engagement à protéger l’Euro.
Également au cour du week-end, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a confirmé que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) travaillait avec la Banque centrale européenne sur une solution pour réduire les coûts d’emprunts des pays européens fortement endettés, dont l’Espagne et l’Italie. De plus, d’après le journal français « Le Monde », les différents gouvernements de la zone euro et la BCE plancheraient sur une action coordonnée pour intervenir sur les marchés financiers afin d’acheter de la dette espagnole et italienne. Rappelons que lundi, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, et le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, ont soutenu l’engagement des dirigeants européens à faire tout ce qu’il fallait pour protéger la zone euro.
Malgré toutes ces nouvelles positives, cela n’a pas suffi à la monnaie unique pour étendre ses gains. L’EUR/USD s’est échangé en repli à 1.2225, loin d’un plus haut de trois semaines à 1,2390 atteint vendredi dernier. Les investisseurs du forex ont également cité l’échec d’une clôture au-dessus d’un niveau technique crucial à 1,2325 qui a pour effet de déclencher un signal baissier.
Le sentiment du risque a également été soutenu par les prévisions tablant sur un nouveau stimulus de la part de la Fed à l’issue de sa réunion de deux jours qui se termine aujourd’hui. La Fed et son président, Ben Bernanke, font face à d’intenses pressions pour soutenir un marché de l’emploi en difficulté et une croissance stagnante bien qu’il n’ira pas jusqu’à mentionner un QE3 lors de la réunion du FOMC. Cependant, le chef de la Fed pourrait modifier son langage, ce qui laisserait la porte ouverte à un nouveau tour d’assouplissement lors de la réunion du mois de septembre.
L’Aussie a touché un plus haut de quatre mois face au billet vert mardi et un plus haut historique face à la monnaie unique étant donné que les spéculations sur un nouvel assouplissement de la part de la Fed et de la BCE ont accentué l’appétit des investisseurs envers les devises à plus haut rendement. L’AUD/USD a ainsi atteint 1,0538 et est contenu dans une tendance haussière depuis que la paire a touché son plus bas de 2012 à 0,9582 le 1er juin dernier. L’EUR/AUD, de son côté, a également accentué sa trajectoire baissière à 1,1646.
L’USD/JPY reste proche d’un plus bas de six mois depuis que les appels pour un nouvel assouplissement de la Fed se sont intensifiés. La paire se négocie dans une fourchette comprise entre 77,95 et 78,68 depuis le 23 juillet dernier. Toute décision de la Fed vers un nouveau QE pourrait ouvrir la voie à de nouvelles pertes pour l’USD/JPY (si la Banque du Japon le permet), vers le plus bas d’après-guerre, à 75,56 atteint le 31 octobre 2011.