Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Le S&P500 n’a pas inscrit son 27ème record annuel vendredi, consolidant finalement de 0,4%.
Pour autant, 26 records absolus en l’espace de 11 mois force le respect. Et que dire du fait que 14 sur 26 ont été établis entre le 25 octobre et le 27 novembre (les 12 précédents entre mi-avril et fin juillet), soit la plus phénoménale série de records précédant le pont de Thanksgiving ?
La précédente plus grande série de records – de 14 également – remontait à la période du 2 au 26 janvier 2018, mais pour l’heure, rien n’égale les 25 inscrits entre le 12 septembre et le 8 novembre 2017, soit plus d’un record toutes les deux séances. L’indice avait par ailleurs aligné ensuite 13 records du 21 novembre au 18 décembre 2017, avant l’envolée finale et les 14 records de janvier 2018.
Au bout du compte, l’indice avait donc battu 52 records en l’espace de 120 séances… le « record des records » du XXIème siècle.
Mais pour mémoire, si le S&P500 avait battu 55 records en 2017 (un score qui ne sera pas dépassé cette année, même si l’indice inscrivait un nouveau zénith chaque jour jusqu’au 31 décembre), il n’avait engrangé que 20% sur l’année, alors que le PIB américain avait crû de 2,6% au quatrième trimestre 2017.
Nous pouvons donc résumer les choses ainsi : +20% avec 2,6% de croissance en 2017, +25% en 2019 avec de 2 à 2,1% de croissance (soit 20% de moins qu’il y a un an).
Notons en outre que la hausse du PIB des Etats-Unis fut identique aux premier et troisième trimestre cette année, ce qui signifie que l’accélération de 25 à 33% des indices américains ne peut être justifiée par une accélération similaire de la croissance dans l’intervalle.
La croissance actuelle repose essentiellement sur la consommation des ménages, qui compense le ralentissement de l’activité industrielle, et les dépenses reposent essentiellement sur le crédit. Néanmoins, les 4 journées du « pont » de Thansksgiving, survenues après une préparation haussière de Wall Street d’anthologie, auront-elles dopé à ce point la consommation ?
Dans l’attente des résultats du « Black Friday » et du « Cyber Monday »
Nous ne disposons dans l’immédiat que des statistiques concernant les ventes en ligne d’Adobe Analytics et les chiffres semblent bons avec une hausse de 18% par rapport à 2018.
Pas moins de 41,2% des achats ont de surcroît été réalisés depuis des smartphones, soit 22% de plus que l’an dernier, mais cela reste encore très éloigné des scores enregistrés en Chine trois semaines plus tôt pour les ventes du « 11/11 ».
Parmi les produits les plus vendus figurent les jouets (et produits dérivés) liés à la sortie du dessin animé Frozen 2, les jeux vidéo Madden 20 et FIFA 20, la Fire TV d’Amazon (NASDAQ:AMZN) ainsi que les AirPods d’Apple (NASDAQ:AAPL).
Pour le Cyber Monday, le groupe anticipe une hausse des ventes en ligne de 19% par rapport à 2018 et un chiffre d’affaires record de 9,4 Mds$. La donnée majeure à surveiller sera cependant le « panier moyen » des consommateurs, qui agrège ventes en ligne et achats dans les centres commerciaux.
A ce niveau de déconnexion par rapport aux fondamentaux atteint par Wall Street cette année, il est tout de même permis de se demander si un bon ou un mauvais « Thanksgiving » peuvent mettre fin ou non au rally initié le 3 octobre dernier, à contre-courant des T-Bonds américains dont le rendement, lui, se dégrade de façon continue depuis le 3 septembre.