De nombreux pays occidentaux affichent une recrudescence des taux d'infection à la COVID-19. Dans certains pays comme le Royaume-Uni, la France et l'Espagne, il semblerait que la deuxième vague de la pandémie soit déjà là. Les données scientifiques nous apprennent que nous pourrions assister à une nouvelle hausse en 2021. Nous ignorons l'efficacité des premiers vaccins, tandis que les programmes de vaccination seront mis en place progressivement.
Les pouvoirs publics doivent déterminer la portée de leur capacité budgétaire pour préserver les emplois et l'activité économique. Au Royaume-Uni, les mesures prises par le gouvernement au printemps dernier, visant à protéger les entreprises comme les emplois, doivent alourdir le déficit budgétaire de 192 milliards de livres sterling, faisant passer le ratio dette/PIB de 85,4 % en 2019 à 106,4 % en mars 2021.
Il s'agit des niveaux d'endettement les plus élevés depuis le début des années 60. Par ailleurs, le nouveau programme de soutien à l'emploi du chancelier Rishi Sunak et les autres mesures destinées à aider les entreprises soumises aux dernières restrictions coûteront des milliards supplémentaires.
Pour avoir une idée de la direction que cela pourrait prendre, l'Institut d'études fiscales a modélisé en juin un scénario dans lequel une deuxième vague de COVID-19 se produirait au quatrième trimestre de 2020 et ciblerait les fermetures régionales au cours du premier semestre de 2021. Ce scénario prévoyait un déficit budgétaire de plus de 20 % du PIB cette année - ce qui correspond aux niveaux atteints lors de la seconde guerre mondiale - et un ratio dette/PIB de près de 120 % d'ici 2024-25.
Si ce genre de situation se présente aujourd'hui pour de nombreux pays, quelles options s'offrent aux gouvernements, et sur quels indicateurs clés devraient-ils se concentrer ?
1. Priorité à la croissance, puis à la stabilité financière
Les gouvernements doivent donner la priorité à la reprise de la croissance économique à partir de 2021. En d'autres termes, ils devront augmenter les taxes ou réduire rapidement leurs dépenses afin de stabiliser le ratio dette/PIB. Les corrections budgétaires nécessaires pour stabiliser les finances publiques seront moindres si une reprise économique plus rapide pouvait être mise en place.
Les gouvernements doivent se pencher sur les investissements publics, notamment ceux qui visent à stimuler les dépenses de recherche et développement ainsi que la croissance en matière de productivité. Selon de nombreux observateurs, les gouvernements devraient investir dans l'écologisation de l'économie. Cela permettra non seulement de stimuler la croissance dans les secteurs d'avenir, mais aussi de lutter contre la crise climatique.
2. Établir une relation de confiance
Une stratégie claire doit être mise en place pour rétablir la confiance économique, indissociable de la confiance des populations quant à la gestion des retombées socio-économiques liées à la pandémie.
En septembre, l'OCDE a signalé que les résultats de Google (NASDAQ:GOOGL) concernant les achats et les activités de loisirs des citoyens (en tant qu'indicateur indirect de leur consommation auprès des entreprises sociales) n'étaient pas revenus à leur niveau pré-pandémique. Dans la plupart des économies avancées (à l'exception de la Chine), les carnets de commande ne se sont pas non plus complètement rétablis.
Il est clair que la confiance des consommateurs et des entreprises ne pourra se rétablir complètement tant que l'incertitude sur la durée de la pandémie ne sera pas dissipée. Voilà l'une des raisons pour lesquelles un certain nombre d'économistes ont exhorté des pays comme le Royaume-Uni (où la situation s'est détériorée), à se concentrer davantage sur la protection des emplois.
3. Les tests et la traçabilité restent essentiels
Cette nécessité de réduire l'incertitude n'est pas liée à un compromis entre la santé et l'économie. En effet, les pays ayant réussi à maintenir des taux d'infection faibles ont également réussi à réduire la récession économique.
Une partie de cette réussite au niveau des infections pourrait être due à un coup de chance, ou à des interventions hâtives consistant à limiter les voyages au début de l'année 2020. Des pays tels que la Finlande et l'Allemagne disposaient également d'une forte capacité de dépistage et de traçage, et l'ont très rapidement renforcée. À ce stade, des pays comme le Royaume-Uni doivent encore examiner si le test et le traçage peuvent être améliorés sans tarder, même au prix d'un investissement plus important.
4. Une aide plus ciblée
La reprise commençant à se renforcer en 2021, les responsables politiques seront confrontés à un dilemme majeur : faut-il donner la priorité à la stimulation de la demande globale dans l'économie, par exemple en recourant à des réductions d'impôts, ou à des mesures de soutien plus ciblées pour certains secteurs ou certains segments de la population active ?
On a récemment entendu dire que la reprise après une deuxième vague pourrait être plus en forme de W dans l'ensemble, mais de K pour les secteurs individuels. Autrement dit, si des secteurs comme le e-commerce et les technologies/logiciels sont en plein essor, d'autres comme le commerce de détail classique, les voyages et l'hôtellerie mettront du temps à se relever.
Les aides aux entreprises devraient adopter une approche plus sectorielle. Au Royaume-Uni, le programme "eat out to help out" et les subventions mensuelles accordées aux entreprises dans des secteurs tels que l'hôtellerie et les loisirs ont permis d'améliorer quelque peu la situation.
De même, les gouvernements devront axer leurs aides vers ceux qui, sur le marché du travail, sont les plus touchés par les "effets de cicatrisation" du chômage. La crise affectera en particulier les perspectives d'emploi des jeunes dont la transition entre l'éducation et le travail sera perturbée. Au stade de la reprise, il faudra donc privilégier la création d'emplois, notamment en réduisant les cotisations sociales pour les employeurs qui créent de nouveaux emplois.
Nous entrons dans une période décisive dans notre lutte contre la COVID-19. Certes, les obstacles qui nous attendent sont évidents, toutefois nous sommes mieux préparés et mieux informés que nous ne l'étions en mars. Les responsables politiques doivent en tirer profit et mettre au point une réponse économique qui soit à la fois complète et efficace.