Pemex ou Petróleos Mexicanos aligne les records : elle est la plus importante compagnie pétrolière du Mexique, la plus importante contributrice au budget du gouvernement mexicain et l’une des plus grandes entreprises en Amérique latine. Voilà ce qu’on peut lire sur le site internet de la compagnie pétrolière.
Mais ce que Pemex ne dit pas, c’est qu’elle est aussi l’entreprise pétrolière la plus endettée au monde, selon les calculs de l’agence financière Bloomberg. L’explication ? Une mauvaise gestion, entre autre.
Production en berne, investissements inefficients...
Depuis un pic de production en 2004, la production de pétrole de Pemex a été quasiment divisée par deux constate Bloomberg. Plutôt que de privilégier la maintenance des puits pétroliers et la découverte de nouveaux champs, l’entreprise aux mains de l’État mexicain a dépensé son argent dans des activités non essentielles et des projets de forages finalement inefficients, poursuit l’agence financière.
La situation n’est pas meilleure au niveau de l’activité de raffinage. Les six raffineries exploitées par Pemex tournent à environ un tiers de leur capacité et elles sont déficitaires…
Le groupe d’hydrocarbures a par ailleurs perdu un milliard de dollars dans l’achat d’usines d’engrais (en 2014 et en 2016) et dilapidé depuis 2015 une partie de son argent dans une usine de production d’électricité désormais hors service…
Certes, Pemex a bien tenté de limiter la casse en réduisant ses dépenses, mais cela a tout juste servi à limiter l’accélération de l’endettement financier total qui s’approchait des 106 milliards de dollars à fin décembre.
Pour compliquer les choses, la compagnie a longtemps été la vache à lait de l’État en reversant 95% de son bénéfice avant impôts aux autorités et contribuant à hauteur de 20% au budget annuel, plus que son homologue vénézuélienne PDVSA !
Ratings menacés
Le gouvernement mexicain a bien fait part en février dernier de son soutien à l’entreprise, en promettant de réduire la charge fiscale qui pèse sur ses épaules, mais pour Fitch Ratings cela ne devrait pas être suffisant pour stopper la dégradation de la qualité de crédit de la compagnie pétrolière.
La dette libellée en devises étrangères (hors peso mexicain) de Pemex est actuellement notée BBB- (perspective négative) chez Fitch Ratings, BBB+ (négative) chez Standard & Poor’s et Baa3 (stable) chez Moody’s. Si Pemex relève encore de la catégorie ‘Investment grade’ auprès des trois grandes agences, elle est risque donc de basculer dans la catégorie spéculative chez Fitch Ratings.
Concrètement, cela donne un rendement de 2,39% pour l'obligation Pemex à échéance 24 novembre 2022 et au coupon de 2,55%, compte tenu d’un prix de 100,34%.
Sur une échéance un peu plus longue, mais en dollar cette fois, l’obligation Pemex 3,5% - 30 janvier 2023 s’échange aux alentours de 96,37% du nominal, de quoi tabler sur un rendement de 4,59%.