Scandale Petrobras, inflation galopante, économie en berne, devise sous pression… Oblis fait le point sur le Brésil.
Le scandale de corruption (surfacturations et rétrocommissions) qui touche Petrobras fait trembler l’ensemble du Brésil, sa présidente Dilma Rousseff mais aussi le marché obligataire.
Même si elle n’a jamais été mise directement en cause, Dilma Rousseff paie désormais le prix du scandale qui éclabousse plusieurs des membres de son gouvernement. Réélue de justesse en novembre dernier pour un mandat de quatre ans, la popularité de la présidente est désormais au plus bas dans les sondages. Elle n’atteint désormais plus que 10%, selon un sondage récent de Datafolha. En parallèle, les opinions défavorables ont progressé à 65% (contre 62% en mars). Le parti au pouvoir (le Parti des travailleurs) n’est pas non plus épargné. Cinquante personnalités de ce mouvement de gauche sont en effet accusées d’avoir profité des largesses de Petrobras.
La présidente fait les frais également d’une économie en panne de croissance alors que l’inflation tend à s’accélérer, plongeant la population dans le désarroi. Certes, les autorités monétaires tentent de juguler la hausse des prix, en relevant les taux d’intérêt, mais au risque de déprimer un peu plus l’activité. La récession guette désormais. Le PIB est attendu en recul de 1,2% cette année, selon des projections du gouvernement.
Les signaux négatifs envoyés par le Brésil pèsent sur sa devise. Le réal a glissé de l’ordre de 10% depuis le début de l’année face à l’euro. Il évolue par ailleurs à ses plus bas niveaux depuis plus de cinq ans.
Marché primaire
Le scandale Petrobras ne s’est pas arrêté à la sphère politique. Si le géant pétrolier a réalisé récemment un retour pour le moins remarqué sur le marché obligataire, c’est oublier qu’il en avait été éloigné pendant plus d'un an, suite à ses multiples reports de résultats. Les interrogations sur l’ampleur et sur les ramifications du scandale de corruption au sein du géant pétrolier avaient en effet entraîné comme dégât collatéral la fermeture du marché obligataire primaire pour la compagnie pétrolière et d’en restreindre l’accès aux émetteurs brésiliens.
Le géant pétrolier a frappé fort à l’occasion de son retour sur le marché primaire, puisqu'il a placé le 2 juin dernier un emprunt à cent ans en dollars avec un coupon de 6,85%. En outre, le bon accueil réservé à la levée de dette de Petrobras a créé un climat propice au retour des émetteurs brésiliens.
Début avril, le cimentier brésilien Votorantim Cimentos avait été le premier à reprendre le chemin du marché obligataire primaire, plaçant un demi-milliard d’obligations à sept ans donnant droit à un coupon annuel fixe de 3,50%.
Odebrecht
Son compatriote Odebrecht connaît un sort moins enviable. Alors que les investisseurs revenaient petit à petit sur le marché obligataire brésilien, le scandale Petrobras a refait surface avec une nouvelle vague d’arrestations de dirigeants d’entreprises. Parmi ceux-ci et pour la première fois depuis la mise au jour de « L’affaire Petrobras », Marcelo Odebrecht, directeur général du groupe industriel diversifié éponyme.
Au même titre qu’une douzaine de personnes, il a été interpellé par la police brésilienne et interrogé dans le cadre d’une enquête visant des entreprises de construction. Celles-ci auraient payé des pots-de-vin à Petrobras en échange de contrats.
L’entreprise a vivement réagi à l’interpellation de son directeur général, sans toutefois réussir à convaincre les créanciers obligataires. Ces derniers exigent un rendement de plus de 8% pour détenir l’obligation Odebrecht d’une maturité égale au 26 juin 2022 et d’un coupon de 5,125%. L’emprunt est en effet disponible à 83,40% du nominal.