Trimestre difficile pour Danone (PA:DANO) (FR0000120644). Le titre perd plus de 18% depuis son plus-haut historique de 70 €… et inscrit en cette mi-novembre un plus-bas annuel, autour de 57 €.
En fait, la question que je me suis posée est plutôt la suivante : le groupe agro-alimentaire méritait-il ces plus-hauts historiques ? et maintenant, comment est-il valorisé ?
Je ne vous apprendrai rien en vous disant que le secteur de la distribution est un secteur très compliqué et extrêmement concurrentiel. Pour Danone, sans parler de résultats exceptionnels, le newsflow n’est pas non plus catastrophique : la croissance organique affiche un raisonnable 2,1% trimestriel, rien de fantastique, ni de mauvais non plus. Les attentes sont toujours de 3% à 5% sur l’année avec une amélioration de la marge opérationnelle de 50 à 60 points de base…
Vous le voyez, rien de folichon, mais rien de dramatique. Pourtant, au mois d’août elle était sur les 70 €, rien n’était fondamentalement différent. Mais il semble que les investisseurs se lassent et, aujourd’hui personne n’a vraiment envie d’acheter DANONE. Elle est rarement citée dans la short liste des brokers. D’un autre côté, quand vous regardez le graphique, le titre est revenu sur le support de son canal ascendant, en place depuis 2009 : personne ne va vendre à ce niveau.
En résumé, drôle de situation pour Danone : personne n’a envie d’acheter ni de vendre.
Voyons ce qui cloche sur le titre et qui entraîne cette léthargie.
D’une part, le rachat de WhiteWave traîne en longueur, situation pourtant classique aux Etats-Unis où la procédure est pointilleuse. Pourtant, cette opération a du sens dans la mesure où elle propulse le Français parmi les spécialistes du laitier bio, ainsi que du laitier végétal. N’oublions pas que WhiteWave est le numéro un des produits laitiers bio aux Etats-Unis, ce qui devrait permettre à Danone de doubler de taille Outre-Atlantique.
Mais problème : la dette de Danone a augmenté 180%, passant de 7 à 19,5 Mds€ car l’opération est réalisée à 100% par emprunt. La récente augmentation des taux longs n’est pas encore un souci mais elle pourrait le devenir pour le groupe si les conditions de financement se tendent… C’est ce qui pèse avant tout sur le titre à mon avis.
Enfin, comme me le confiait récemment un gérant de grande banque, qui est à l’écart du titre : « Le groupe cherche à sortir de ses activités peu rentables mais tout est tellement lent… ».
Il n’y a même plus de rumeurs d’OPA puisque avec l’intégration de WhiteWave, le groupe fait désormais plutôt figure de prédateur, ce qui lui ôte la dimension spéculative.
Enfin, difficile de payer 20x les bénéfices pour une société qui affiche une croissance juste « correcte », normale.
En conséquence de quoi, il me paraît logique de rester encore à l’écart du dossier et d’attendre. Je sais que graphiquement, le titre est sur un support… mais personnellement, je ne me fie pas à l’analyse graphique ; je ne regarde que les fondamentaux. Et là, les fondamentaux me disent que le titre est encore un peu cher compte tenu des news et perspectives immédiates.