Alors que l’ensemble des pays de la zone euro, Allemagne y compris et France en tête, ont vu leurs taux d’emprunts augmenter de façon plutôt spectaculaire ces dernières semaines, voyons quels sont les pays considérés comme les plus sûrs, et les moins sûrs, par les marchés.
Nous avons réalisé ce classement sur base des rendements qu’exigent les investisseurs pour détenir de la dette à dix ans des différents pays de la zone euro. En d’autres termes, sur base du sentiment subjectif des marchés à l’égard de la capacité de remboursement des pays.
Pour rappel, au plus un pays (au même titre qu'une entreprise) a la confiance des marchés, au moins il doit rémunérer les investisseurs pour leur emprunter de l’argent. Sans grande surprise, l’Allemagne est considéré comme le plus solide, les investisseurs exigeant une rémunération annuelle de 0,33% pour prêter au pays.
Si ce taux peut paraître extrêmement faible au regard de l’histoire, il est tout de même nettement plus élevé par rapport à il y a deux mois, lorsque le Bund évoluait encore en territoire négatif.
Cette remontée du coût de l’argent a été alimentée par la remontée des taux aux Etats-Unis, qui, comme c’est généralement le cas, s’est propagée sur le Vieux continent.
La Belgique, huitième pays le plus sûr
Après l’Allemagne, se suivent dans un mouchoir de poche le Luxembourg, les Pays-Bas, la Slovaquie, la Finlande, la Lettonie, l’Autriche et… la Belgique. Il semble donc que la capacité de remboursement de notre plat pays soit considérée comme l’une des meilleures de la zone euro, et ce, même si la Belgique doit désormais proposer un rendement de 0,70% à dix ans, contre 0,30% il y a quelques semaines.
Pas de quoi s’affoler pour autant. Il y a trois ans, ce même taux s'élevait encore à 2,50%, après avoir culminé à plus de 5% en 2011, au plus fort de la crise de la dette européenne. La situation est peut-être un peu plus inquiétante pour la France, qui a vu ses taux d’emprunts être multipliés par huit à 0,80%, soit proportionnellement la plus forte hausse de tous les pays de la zone monétaire.
Certains observateurs craignent même que l'Hexagone ne finisse par accrocher le wagon des pays les plus risqués de la zone euro comme l’Espagne et l’Italie, en raison visiblement des inquiétudes liées à la présidentielle de 2017.
Concernant les pays périphériques de la zone euro, on ne peut pas dire que le résultat du référendum en Italie, et la démission du Premier ministre qui s’ensuivit, aient suscité une vague d'inquiétude. Le taux italien à dix ans s’affiche actuellement à 1,84%, après avoir touché un plus haut annuel de 2,10% le 24 novembre et un plus bas d’un pourcent cet été.
L’Espagne, le Portugal et Chypre, les trois autres principaux pays considérés comme « à risque » au sein de la zone économique et monétaire, devraient quant à eux rémunérer les investisseurs à hauteur de 1,40 3,45 et 3,77% en cas d’appel au marché.
L'exception grecque
Assez paradoxalement, pendant que les autres pays de la zone euro connaissent sans exception une hausse de leur taux de financement, la Grèce a vu ses taux d’intérêt diminuer de façon surprenante, le taux à dix ans ayant été ramené sous les 7% la semaine passée, contre 8,40% début novembre. Les bons chiffres de croissance du mois de novembre ont quelque peu rassuré les investisseurs.
Les taux sont toutefois remontés ces derniers jours autour des 7%. Pour cause, l'Europe a suspendu mercredi les mesures d'allègement de la dette, après qu’Alexis Tsipras ait annoncé vouloir consacrer une partie du surplus budgétaire aux pensionnés les plus pauvres et aux îles accueillant les migrants.