Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Le crypto-krach du début de semaine (de lundi minuit à mercredi 16h00) a amputé la capitalisation globale des altcoins de 250 Mds$. La chute de l’encours atteignait alors -42%, (à 350 Mds$ contre les sommets de mi-décembre, à 820 Mds$ et du 7 janvier à 833 Mds$).
▶ Effet domino pour les cryptos
Cause de cette désintégration ? Peu importe en réalité : crainte d’une réglementation qui anéantisse le soi-disant anonymat et le côté « paradis fiscal dans mon smartphone » ? Vente de particuliers chinois pour financer les achats du Nouvel An à venir ? Sell off de spéculateurs sud-coréens… ? Le schéma reste classique : un effet domino et des ventes à tout prix face à une contrepartie absente. Mais le plus grave – et les spéculateurs ne s’en vantent pas – c’est que leurs lourdes pertes sont en réalité difficiles à évaluer. En effet, ils n’ont pour certains, pas pu obtenir l’exécution de leurs ordres de vente. Et ce, même en acceptant des « spreads de voleur » (c’est-à-dire en vendant à -10% sous le cours spot). D’autres ont les plus grandes difficultés à faire re-créditer leur compte par leur plateforme de transaction. A l’achat, ça va tout seul, tout est bien huilé. Mais dans le sens du retour de la monnaie vers son compte en banque, c’est un calvaire. Etrange asymétrie !
▶ J’attends vos témoignages !
Et non, je ne parle pas d’une exception qui confirmerait la règle. C’est un problème à très grande échelle. Et comme dans toute sphère virtuelle bien décentralisée qui se respecte, si votre argent a disparu, vous n’avez plus qu’à souhaiter que l’équipe de margoulins qui administrait une pseudo-plateforme de crypto-trading recommandée par Nabilla profite bien de votre épargne sur une plage au Panama où ils se poudrent le nez à la colombienne dans une disco à Miami. J’attends des témoignages d’investisseurs non professionnels (hackers s’abstenir) pour lesquels tout s’est bien passé et qui n’ont eu à subir aucun délai d’exécution ni problème de livraison de leur argent. Ecrivez-moi à la-redaction@publications-agora.fr ou laissez un commentaire en fin d’article. Ça m’intéresse vraiment d’avoir votre retour sur expérience dans cette période de sell off.
Et votre expérience sera très précieuse pour tous ceux qui se sont montrés peu sélectifs dans le choix d’intermédiaires auto-proclamés crypto-experts depuis trois générations. Les escrocs n’hésitent pas à se présenter comme des professionnels du Bitcoin, depuis bien avant 2013, alors qu’aucune transaction n’avait vraiment lieu sur le BTC faute de plateforme ad hoc.
▶ L’horrible configuration technique des cryptos
Enfin, pour s’en tenir à des considérations d’ordres techniques, la configuration graphique court et moyen termes des cryptos est juste horrible. Horrible, mais pas inconnue de nos services d’analyse chartiste. Observez le Nasdaq d’octobre 1998 à septembre 2001. Il était parti de 1 360 points pour s’envoler à 5 130 en mars 2000. Nous le retrouvions à 1 620 dès avril 2001 et… sous 1 200 points en octobre 2002.
Bon, les parcours du Bitcoin, du Litecoin, du Ripple, du Dash ou de l’Ethereum etc., ne sont ce évidemment pas comparable. Il ne s’agit pas d’une multiplication par 3… mais par 20, par 40 (voire plus) en moins d’un an !
▶ Dot.com vs cryptos : même hystérie ?
En revanche, souvenons-nous des dot.com, ces entreprises passées de l’anonymat total à l’hystérie spéculative. Le tout basé sur une promesse de révolution technologique fantasmée. Pourtant, il n’y avait qu’un vague business plan, aucun brevet et aucun actif bankable (à part des montagnes de dettes accumulées en frais de communications). Nombre de ces dot.com n’ont eu qu’une existence boursière météorique, disparaissant des radars en moins de 18 mois, et radiées de la cote. James Altucher ne dit pas autre chose à propos des cryptos. Il en sort du néant 1 ou 2 par jour depuis un an. La majorité d’entre elles retourneront au néant sans avoir jamais existé. Ou si elles existent, ce sera seulement dans l’imagination des premiers souscripteurs, convaincus par d’habiles bonimenteurs de participer à une véritable révolution technologique qui ravalerait le Bitcoin au rang de silex pour allumer un feu, dans un monde de sabres-laser à la Star Wars. (De ce fait, voyez la Masterclass d’Altucher pour savoir lesquelles choisir et sur lesquelles vous pourrez gagner de l’argent).
Et rappelons-nous que même les survivantes du krach des dot.com auront vu leur cours péniblement doubler ou tripler en une décennie, avec pourtant un vrai business et du récurrent. Comme le rappelle presqu’à chaque interview Warren Buffett, derrière une crypto, il n’y a ni business que l’on sache valoriser et aucun récurrent, à moins de considérer les forks (éclatement d’une crypto coin en plusieurs entités distinctes) comme du dividende – car en effet, il y a bel et bien une division !