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Royaume-Uni, pourquoi le FLS ne fera pas de miracle

Publié le 21/10/2012 10:12
  • „Fortement ébranlé par la crise, le secteur bancaire britannique a bénéficié de plans de sauvetage et de mesures non conventionnelles de la Banque d’Angleterre de soutien à la liquidité dont les effets sur la dynamique du crédit ont été peu probants jusqu’à présent.
  • Pour relancer le crédit au secteur privé, la Banque d’Angleterre a mis sur pied en juillet dernier un dispositif complémentaire, le Funding for Lending Scheme (FLS),permettant aux établissements d’emprunter jusqu’à 5% du montant déjà octroyé au secteur privé.
  • Cette mesure devrait avoir une portée limitée en raison de l’atonie de la demande de crédit dans un contexte économique encore très dégradé.
  • En juillet dernier, la Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé,
    conjointement avec le Trésor, le déploiement d’un mécanisme
    complémentaire de refinancement à moyen terme, le Funding for
    Lending Scheme (FLS). Fin septembre, la Financial Services
    Authority (FSA) a également dévoilé un desserrement de l’étau
    réglementaire en matière de capital et de liquidité afin de
    redonner aux banques des marges de manœuvre pour soutenir
    l’économie.

    Le FLS : fondement et principe de fonctionnement
    Dans le sillage de la crise financière, le retournement conjoncturel
    s’est traduit par une nette dégradation de la confiance des agents
    privés, à l’origine depuis courant 2009 d’un ralentissement puis
    d’une contraction des crédits (cf. graphique 1). Concernant les
    ménages, l’effritement de leur solvabilité et la raréfaction du crédit
    se sont accompagnés par une chute de la valeur des actifs
    immobiliers ayant elle-même conduit à l’enclenchement d’une
    spirale baissière en matière d’octroi du crédit. Quant aux sociétés
    non financières, la dégradation de leur santé financière
    consécutive à la crise les a conduites à déployer des stratégies
    de désendettement (deleveraging), entraînant une diminution de
    leur taux d’investissement (15,5% en 2010 contre 19,4% en
    2000). Le crédit au secteur privé s’est particulièrement contracté
    fin décembre 2010 (-9,4%) sans que celui-ci ait retrouvé en août
    2012 un réel dynamisme : le taux de croissance des crédits au
    secteur privé demeurait négatif (-1,4%) avec un recul plus
    fortement marqué pour les sociétés non financières (-4,3%) que
    pour les ménages (-0,3%).

    Les différentes mesures précédentes de soutien à la liquidité (cf.
    encadré) n’ont pas suffi à raviver la dynamique du crédit. Le FLS
    vient en réponse. Ce dispositif vise à relancer le crédit aux
    ménages et aux entreprises en offrant aux banques un
    complément de ressources banque centrale à un coût d’autant
    plus faible qu’elles augmenteront leur volume de prêts au secteur
    privé. La question est désormais de savoir quelle sera la portée
    de ce mécanisme. Dans un contexte où le marché du crédit
    britannique semble désormais dans une situation de trappe à
    liquidité, c'est-à-dire où la demande de crédit est inélastique au
    taux d’intérêt 1 , des doutes planent sur l’efficacité de ce nouveau
    mécanisme.

    Dans un premier temps, la BoE échange des emprunts d’Etat
    (treasury bills) contre des actifs éligibles à la Discount Window
    Facility (DWF), soit une gamme élargie de collatéraux (titres
    adossés à des hypothèques résidentielles, créances titrisées sur
    cartes de crédit, prêts étudiants ou à la consommation, titres
    adossés à des prêts commerciaux, papier commercial sécurisé
    par des actifs) 2 . Dans un second temps, les banques peuvent
    mobiliser ces titres pour obtenir des refinancements auprès de la
    BoE au taux de base. Le coût de financement total de cette
    opération est égal à la somme du taux de base et la commission
    versée à la BoE. Les établissements qui souhaitent participer à
    ce dispositif devront préalablement informer la BoE de leurs
    intentions, du montant sollicité et du collatéral mobilisé en
    échange des lignes de crédit octroyées.

    Les établissements éligibles à ce mécanisme soit les banques et
    les sociétés de crédit immobilier (building societies) participantes
    aux opérations de politique monétaire, peuvent emprunter sur
    quatre ans maximum, depuis le 1 er août 2012 et jusqu’au
    31 janvier 2014, jusqu’à 5 % du montant déjà octroyé au secteur
    privé au 30 juin 2012 (totalisant soit 80 milliards de livres) auquel
    s’ajoute l’augmentation des prêts durant une période de référence
    courant jusqu’à fin 2013. Les banques doivent s’acquitter d’une
    commission annuelle dont le taux est fonction du volume des
    prêts octroyés : pour les établissements qui s’engagent à
    maintenir ou accroître leur volume de prêts, la commission
    annuelle s’établit au taux plancher de 0,25% mais, à l’inverse, la
    BoE l’augmentera linéairement de 0,25 point de base annuel à
    chaque diminution de prêts équivalente à 1%, le taux de
    commission grimpant à 1,5% en cas de contraction du volume de
    prêts de 5% ou plus.

    Un plan de refinancement aux effets probablement limités
    La BoE attend du FLS un impact tant sur la quantité que sur le
    coût des crédits octroyés au secteur privé, même si elle reconnaît
    également qu’il est difficile d’évaluer a priori son incidence sur la
    dynamique du crédit en raison de l’incapacité d’apprécier ex-ante
    la trajectoire du crédit qui aurait été celle en l’absence du FLS. En
    outre, la BoE insiste sur le fait que ce dispositif a été introduit
    pour atténuer la remontée probable à moyen terme des coûts de
    refinancement qui restent, pour le moment, historiquement bas.
    Différents éléments invitent à la prudence quant à l’efficacité du
    FLS. Le désendettement du secteur privé et la conjoncture
    toujours passablement dégradée continuent de peser sur la
    demande de crédit. Les ménages ont sensiblement diminué leur
    endettement mesuré en pourcentage du PIB (-9 points) depuis
    décembre 2009 (92% au T1 2012 contre 101% au T4 2009) et,
    de même, les sociétés non financières ont réduit leur dette (82%
    du PIB au T1 2012 après 87% au T4 2009). Nos hypothèses de
    croissance ont été révisées successivement à la baisse, et il est
    probable que 2012 s’achève sur un léger recul du PIB (-0,4%),
    tandis que 2013 afficherait encore une croissance molle (+0,5%).

    Le taux de participation des banques britanniques reste, pour
    l’heure, inconnu. La BoE a d’ores et déjà fait savoir qu’elle
    publiera dès décembre prochain (et selon une périodicité
    trimestrielle) le montant des prêts nets octroyés au secteur privé
    non financier. Bénéficiant de relais de croissance à l’étranger, les
    établissements implantés à l’international (HSBC et Standard
    Chartered) auront une faible appétence à se recentrer sur leur
    marché domestique. A ce titre, HSBC a déjà annoncé qu’elle ne
    souhaitait pas participer à ce plan. Les banques peu diversifiées
    géographiquement (RBS et Lloyds) sont également celles qui,
    déjà touchées de plein fouet par le retournement du cycle
    conjoncturel, demeurent particulièrement affectées par le
    deleveraging du secteur privé et le spectre d’une correction de
    Les établissements éligibles à ce mécanisme soit les banques et
    les sociétés de crédit immobilier (building societies) participantes
    aux opérations de politique monétaire, peuvent emprunter sur
    quatre ans maximum, depuis le 1 er août 2012 et jusqu’au
    31 janvier 2014, jusqu’à 5 % du montant déjà octroyé au secteur
    privé au 30 juin 2012 (totalisant soit 80 milliards de livres) auquel
    s’ajoute l’augmentation des prêts durant une période de référence
    courant jusqu’à fin 2013. Les banques doivent s’acquitter d’une
    commission annuelle dont le taux est fonction du volume des
    prêts octroyés : pour les établissements qui s’engagent à
    maintenir ou accroître leur volume de prêts, la commission
    annuelle s’établit au taux plancher de 0,25% mais, à l’inverse, la
    BoE l’augmentera linéairement de 0,25 point de base annuel à
    chaque diminution de prêts équivalente à 1%, le taux de
    commission grimpant à 1,5% en cas de contraction du volume de
    prêts de 5% ou plus.

    Un plan de refinancement aux effets probablement limités
    La BoE attend du FLS un impact tant sur la quantité que sur le
    coût des crédits octroyés au secteur privé, même si elle reconnaît
    également qu’il est difficile d’évaluer a priori son incidence sur la
    dynamique du crédit en raison de l’incapacité d’apprécier ex-ante
    la trajectoire du crédit qui aurait été celle en l’absence du FLS. En
    outre, la BoE insiste sur le fait que ce dispositif a été introduit
    pour atténuer la remontée probable à moyen terme des coûts de
    refinancement qui restent, pour le moment, historiquement bas.
    Différents éléments invitent à la prudence quant à l’efficacité du
    FLS. Le désendettement du secteur privé et la conjoncture
    toujours passablement dégradée continuent de peser sur la
    demande de crédit. Les ménages ont sensiblement diminué leur
    endettement mesuré en pourcentage du PIB (-9 points) depuis
    décembre 2009 (92% au T1 2012 contre 101% au T4 2009) et,
    de même, les sociétés non financières ont réduit leur dette (82%
    du PIB au T1 2012 après 87% au T4 2009). Nos hypothèses de
    croissance ont été révisées successivement à la baisse, et il est
    probable que 2012 s’achève sur un léger recul du PIB (-0,4%),
    tandis que 2013 afficherait encore une croissance molle (+0,5%).

    Le taux de participation des banques britanniques reste, pour
    l’heure, inconnu. La BoE a d’ores et déjà fait savoir qu’elle
    publiera dès décembre prochain (et selon une périodicité
    trimestrielle) le montant des prêts nets octroyés au secteur privé
    non financier. Bénéficiant de relais de croissance à l’étranger, les
    établissements implantés à l’international (HSBC et Standard
    Chartered) auront une faible appétence à se recentrer sur leur
    marché domestique. A ce titre, HSBC a déjà annoncé qu’elle ne
    souhaitait pas participer à ce plan. Les banques peu diversifiées
    géographiquement (RBS et Lloyds) sont également celles qui,
    déjà touchées de plein fouet par le retournement du cycle
    conjoncturel, demeurent particulièrement affectées par le
    deleveraging du secteur privé et le spectre d’une correction de
    l’immobilier résidentiel domestique. Elles continueront
    probablement de concentrer leurs efforts sur la restauration de
    leur solvabilité en privilégiant l’assainissement de leurs bilans et
    l’amélioration de la qualité de leurs portefeuilles de crédit. En
    outre, les banques qui doivent encore deleverager sur une partie
    de leur portefeuille de prêts (en ne renouvelant pas certains
    financements) seront ainsi pénalisées dans le cadre du FLS par
    des commissions versées à la BoE plus élevées. Enfin, elles
    semblent actuellement tirer profit des mesures de soutien à la
    liquidité pour alléger le coût de leur dette en utilisant le cash
    disponible pour racheter une partie de leur propre dette : RBS,
    Lloyds et Barclays ont fait récemment une offre de rachat de leurs
    propres dettes, toutes zones géographiques confondues, pour
    respectivement 16,0 et 13,7 milliards de livres et 6,6 milliards
    d’euros.

    Néanmoins, si les crédits ne sont pas rendus moins risqués par
    ce dispositif (car l’environnement reste dégradé), le moindre coût
    du funding permettra peut-être d’élargir la marge d’intérêt et de
    rendre les banques plus à même de couvrir le risque de crédit. En
    outre, ce mécanisme permet surtout d’alléger la future contrainte
    de la liquidité à court terme Liquidity Coverage Ratio (i.e. Bâle 3),
    en autorisant les établissements soit à élargir leurs actifs liquides
    (High Quality Liquid Assets), soit à obtenir de la liquidité BoE pour
    accroître leurs prêts à l’économie sans réduire leurs HQLA et leur
    LCR.

    Pour accompagner les différentes mesures exceptionnelles déjà
    prises par la BoE et éviter un allégement trop rapide des bilans
    bancaires aux effets néfastes pour l’économie réelle, la FSA a
    introduit, fin septembre, un assouplissement des règles en
    matière de capital et de liquidité. En premier lieu, les prêts
    octroyés au secteur privé dans le cadre du FLS ne nécessiteront
    pas de capital supplémentaire, ce qui revient désormais pour le
    régulateur à les considérer comme non risqués. A l’heure où nous
    écrivons cet article, nous n’avons, toutefois, pas davantage
    d’éléments sur la pérennité de cette mesure. Cet allégement de la
    contrainte en capital va, cependant, à l’encontre de la CRD4 et,
    sans doute, des exigences de marché. En outre, les grandes
    banques ne seront plus tenues de détenir un ratio Core tier 1
    supérieur aux exigences bâloises de 10% d’ici à la fin de l’année
    prochaine, comme le recommandait initialement le rapport
    Vickers, en échange d’un accroissement de leurs prêts. Enfin, la
    gamme d’actifs mobilisables en tant que matelas de sécurité en
    cas de crise financière sera élargie : 10% de ce coussin pourra
    dorénavant être constitué d’actifs éligibles aux opérations de la
    BoE comme collatéraux.

    Projet d’une entité dédiée au financement des PME
    Tendant à reconnaître implicitement les limites du FLS, le
    gouvernement a également annoncé en septembre dernier le
    projet de création d’une entité dédiée au financement des PME.
    Son objectif est là encore de redynamiser l’économie britannique
    en offrant un soutien financier à destination d’entreprises en
    croissance et en appuyant leur essor dans la compétition
    internationale à l’innovation. Cette structure privée, bénéficiant
    d’une garantie publique à hauteur d’un milliard de livres, devrait
    voir le jour au mieux d’ici à dix-huit mois et pourrait lever a
    minima 10 milliards de livres auprès du secteur privé. Elle ne
    bénéficiera pas, en revanche, de financements publics
    complémentaires. Les modalités de son fonctionnement seront
    connues en décembre prochain.

    Le gouvernement a multiplié les actions pour « dégripper » le
    marché du crédit. Le Royaume-Uni a déjà mis en place un outil
    destiné à favoriser la levée de fonds propres par les entreprises
    en croissance, l’Enterprise Investment Scheme. Adoptée en 1994
    et amendée en mars 2011, cette disposition législative permet
    aux Business Angels de bénéficier d’avantages fiscaux et d’un
    allégement de leurs risques 4 .
    ***
    En allégeant la contrainte de liquidité réglementaire, la FLS va
    sans doute contribuer à limiter la contraction des encours de
    crédits, ce qui constitue déjà un aspect positif. Néanmoins,
    compte tenu du contexte de la demande, il apparaît peu
    vraisemblable que ce dispositif suffise à relancer les volumes de
    prêts. Sans une véritable embellie de la conjoncture et un retour
    de la confiance au Royaume-Uni, toute initiative des pouvoirs
    publics pour soutenir le crédit domestique verrait son efficacité
    limitée.

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