Le déficit commercial français s’est réduit de EUR 7 milliards en 2012, à EUR 67 milliards, après un record historique de EUR 74 milliards en 2011. L’évolution paraît anodine, mais elle masque une réduction sensible du déficit manufacturier, pour moitié absorbée par un nouvel alourdissement de la facture énergétique (cf. tableau). Elle tient surtout au freinage des importations (+1,3% en valeur en 2012 après +12,3% en 2011), plus marqué que celui des exportations (+3,2% en valeur en 2012 contre +8,4% en 2011).
Les exportations ont été tirées vers le bas par le recul des ventes de voitures, en particulier vers l’UE qui absorbe les trois quarts des exportations automobiles. En revanche, les exportations correspondant aux points forts français sont restées très dynamiques (aéronautique, santé, luxe). De même, les exportations vers les pays hors UE ont continué de progresser à vive allure en 2012 (+8,1% après +8,8%), soutenues par les États-Unis et l’Asie. A contrario, les exportations au sein de l’UE ont subi un sérieux coup de frein (+0,3% après +7,2%), les ventes s’essoufflant notamment vers l’Allemagne, les nouveaux États membres et l’Europe du Sud.
Le ralentissement des importations s’opère à tous les niveaux, bien au-delà de l’énergie. En conséquence de quoi le déficit des échanges d’automobiles, malgré de médiocres performances à l’exportation, s’est réduit. Il en va de même pour l’informatique et l’électronique ou le textile. Le ralentissement des importations frappe par ailleurs l’ensemble des zones, sauf les États-Unis. Au final, on observe une diminution du déficit français avec les pays en dehors de la zone euro mais un creusement vis-à-vis de celle-ci (cf.graphique 1).
Ces chiffres portent la trace de l’atonie de la demande intérieure et de la récession chez les partenaires d’Europe du Sud. Mais ils montrent aussi que, là où la croissance se maintient, la France exporte à peu près au même rythme qu’en 2011. La reprise qui se dessine en Allemagne lui sera profitable, 16% des exportations lui étant destinées (cf.graphique 2). En décembre, les commandes en provenance d’outre-Rhin se sont d’ailleurs bien tenues (+0,8% m/m). L’atténuation de la récession en Italie et en Espagne devrait également soutenir les exportations.
Ainsi le redressement du déficit commercial français a-t-il de bonnes chances de se poursuivre, pour peu que l’euro se stabilise (cf. Focus 1). Le Pacte de compétitivité est un autre facteur de soutien. En revanche, il ne faut pas s’attendre à une amélioration aussi rapide qu’en Espagne par exemple, d’une part parce que les performances à l’exportation sont moindres et, d’autre part, parce que les importations, reflet de la demande, ne sont pas aussi déprimées.
Hélène BAUDCHON