Se dirige-t-on vers une amélioration du marché du sucre ? Tereos, ex-Béghin Say, le numéro deux mondial du sucre, se déclare en tout cas plus optimiste pour le secteur, grâce à la disparition des stocks excédentaires, a-t-il indiqué à l'occasion de ses résultats trimestriels publiés il y a quelques jours.
Si les résultats du 1er semestre de l'exercice décalé 2019/2020 s'inscrivent dans un contexte de prix encore bas, le deuxième trimestre marque un point d'inflexion, souligne Tereos dans son communiqué, précisant enregistrer sur la période un excédent brut d'exploitation (Ebitda) en progression par rapport à l'année passée et par rapport au trimestre précédent.
L'explication de cette inversion de tendance ? Des fondamentaux du marché du sucre qui montrent des signes d'amélioration avec, principalement, sur le plan mondial une campagne sucrière octobre 2019 - septembre 2020 attendue en net déficit ce qui devrait soutenir les prix, estime le producteur, du fait d'un rééquilibrage entre l'offre et la demande. Une vraie bonne nouvelle donc pour un secteur totalement déprimé depuis la fin des quotas sucriers en Europe, le 1er octobre 2017, sur fond de cours mondiaux déjà en petite forme. Au-delà de Tereos, c'est toute la filière européenne qui a en fait encaissé le choc de la libéralisation, avec en tête l'allemand Südzucker, numéro un européen du secteur, qui a été contraint de réduire de plus de moitié son dividende.
L'amélioration du marché du sucre trouve aussi son origine au Brésil et en Inde, comme l'écrivait récemment Les Echos, deux producteurs capables d'influer sur les prix au niveau mondial. Le géant brésilien a fortement réduit sa production, préférant transformer la canne à sucre en éthanol, plus rentable, précisait le quotidien français d'information économique et financière. L'Inde qui avait enregistré une récolte record lors de la campagne 2017-2018 grâce à une météo exceptionnelle n'a pas bénéficié des mêmes conditions cette année et devrait produire jusqu'à 20% en moins. Les indicateurs sont défavorables aussi en Thaïlande avec une récolte attendue en repli de 10%. En Europe, la vague de sécheresse ayant eu un impact sur les rendements, les récoltes sont attendues en dessous des moyennes historiques, selon Tereos, dans un contexte de réduction de 5% des surfaces.
Le secteur est-il pour autant sorti d'affaire ? Pas si vite. La prudence reste de mise. Le marché du sucre est en effet caractérisé par une importante volatilité. L'Inde est par ailleurs toujours en prise avec un stock de sucre important et la croissance mondiale de la consommation de sucre a tendance à ralentir, du fait d'une prise de conscience de la population des effets néfastes du sucre sur la santé.
Ceci explique sans doute la réaction positive, mais aussi prudente du marché obligataire aux résultats de Tereos. L'obligation Tereos Finance Group I (4,125% - 16/06/2023) a nettement progressé sur le marché secondaire pour s'échanger à environ 76% du nominal, soit un rendement deplus de 12%. Une rémunération importante synonyme d'un risque jugé élevé pour un groupe qui n'a pas fourni de prévisions de résultats annuels.