Le conglomérat allemand Thyssenkrupp renonce à son projet de fusion avec l’aciériste indien Tata Steel et à son projet de scission, mais il veut introduire en Bourse (IPO) sa division dédiée aux ascenseurs. Des annonces bien perçues chez les investisseurs.
L’annonce était dans l’air depuis quelques jours, depuis la fin avril plus précisément, après les informations de l’agence Reuters indiquant que le conseil de Thyssenkrupp allait évaluer le projet du président du directoire Guido Kerkhoff, de scinder le conglomérat allemand en deux entités cotées. La première devait être concentrée sur les biens d’équipements (ascenseurs, équipements automobiles, ingénierie industrielle), la seconde comprenant le reste des activités du groupe, comme la construction navale. Ce plan, présenté en septembre dernier, a donc été officiellement abandonné, « en raison du ralentissement économique, de ses effets sur le développement des entreprises et de la conjoncture actuelle des marchés des capitaux », a expliqué thyssenkrupp par voie de communiqué.
Exit également le rapprochement entre les activités sidérurgiques de Thyssenkrupp et celles de Tata Steel. Dans son communiqué, le conglomérat allemand précise qu’après discussion avec la Commission européenne, les deux partenaires ont pris la décision d’abandonner le projet sur lequel ils travaillaient depuis trois ans, les deux groupes n’étant pas prêts à répondre aux nouvelles concessions exigées par les autorités. « Du point de vue de Thyssenkrupp et de Tata Steel, de nouveaux engagements ou améliorations auraient une incidence défavorable sur les synergies envisagées de la fusion, à un point tel que la logique économique de l'entreprise commune n’aurait plus de sens », lit-on dans le communiqué.
IPO d'Elevator Technology
En lieu et place, le conglomérat allemand annonce qu’il compte « fondamentalement se réaligner pour améliorer de manière significative ses performances opérationnelles ». Ce réalignement se traduit notamment par le licenciement de 6.000 personnes, 4% des effectifs, et une probable introduction en Bourse (IPO) de la filiale dédiée aux ascenseurs (Elevator Technology).
Enfin, ce changement de stratégie oblige Thyssenkrupp à ajuster ses prévisions de résultats pour l’exercice 2018-2019. Le groupe qui anticipe un cas-flow négatif cette année fournira plus de détails lors de la publication de ses résultats trimestriels le 14 mai.
Entre-temps, ces annonces ont été saluées sur les marchés des capitaux vendredi dernier. L’action Thyssenkrupp s’est envolée de plus de 28% à la Bourse de Francfort, les investisseurs qui avaient spéculé à la baisse sur le titre s’empressant de dénouer leur position, mais pas seulement. Les conglomérats, souvent considérés comme inefficaces et difficiles à évaluer en raison de la multitude de leurs activités, sont en général cotés en Bourse avec une décote. Dans ce contexte, les investisseurs voient sans doute d’un bon œil l’IPO de la division Elevator Technology, et le cash collecté à cette occasion. En appliquant une valorisation similaire à celles de Kone ou Schindler, la division Elevator de Thyssenkrupp devrait valoir de l’ordre de 14 milliards d’euros, selon Alan Spense, analyste chez Jefferies cité par Reuters, nettement plus que la valorisation boursière actuelle de l'ordre de 9 milliards du groupe.
L'action perd cependant 7% ce matin en bourse de Frakfurt.
Sur le marché de la dette, les obligations ont récupéré une partie du terrain perdu depuis les informations Reuters de la fin avril (liées à l’abandon du projet de rapprochement entre Thyssenkrupp et Tata Steel).
Pour ne citer qu’elle, l’obligation Thyssenkrupp d’une maturité égale au 25 février 2025 et portant un coupon de 2,5% s’échange aux alentours de 101,13% du nominal, soit un rendement de 2,29%, mieux que les 100% de la veille, mais encore inférieur au plus de 104% relevé fin avril.
En revanche, elle réagit peu ce matin à la baisse du cours de l'action.
Partenariat et restructurations en vue
Guido Kerkhoff, le CEO de la société a par ailleurs annoncé que Thyssenkrupp continuera à rechercher des partenaires pour ses activités sidérurgiques. Il a aussi convenu avec les syndicats de la voie à suivre pour sa nouvelle stratégie, qui prévoit 6 000 suppressions d'emplois, soit environ 4 % de l'effectif de Thyssenkrupp. Ce projet sera soumis au vote du conseil de surveillance le 21 mai prochain.