L’ABE (Autorité bancaire européenne) a voulu rassurer les marchés financiers en publiant les résultats des stress tests vendredi dernier en fin de soirée, à 19 heures, après la fermeture des bourses.
Rien à faire, les marchés n’avalent pas la couleuvre : les banques sont chahutées ce mardi faisant plonger le CAC 40 dans un canal 4320/4390 et déstabilisant les places européennes et américaines.
Les investisseurs critiquent les méthodes de publication et les critères de calculs des tests bancaires de l’ABE.
La peur et la suspicion restent de mise : l’expérience de la crise de 2008 avec la faillite de la banque Lehman Brothers est traumatisante et a marqué les esprits.
Les perdants aux tests sont pointés du doigt : les banques italiennes – principalement Banca Monte des Paschi di Siena, la numéro 3 en Italie – et les banques irlandaises – essentiellement Allied Irish Banks – inquiètent sur leur capacité à faire face réellement à leurs engagements en cas de retournement économique.
Le retour des banques irlandaises sur le devant de la scène médiatique et bancaire rappelle de mauvais souvenirs aux gestionnaires de fonds.
Les gagnants des stress tests – comme les banques françaises – sont sujets à questionnement de la part des investisseurs dans un climat tendu dans lequel des informations privées de crédits non-performants, voire de prêts pourris largement supérieurs à un 1 milliard de milliards d’euros en Europe, circulent à profusion dans les salles de marché.
Les chutes boursières des deux puissantes banques allemandes – la Commerzbank (DE:CBKG) (qui chute de près de 8 % en séance suite à un profit warning) et la Deutsche Bank (DE:DBKGn) (qui dévisse de 50 % en 12 mois) – soulignent l’anxiété et les inquiétudes des agents économiques sur la réalité de la solidité du système bancaire allemand et européen.
Bloomberg a été l’une des premières agences de publications financières à indiquer son scepticisme marqué quant aux méthodologies et aux résultats des tests de l’ABE, basés sur la réglementation des critères de Bâle 1.
La dernière publication du PIB américain du 2e trimestre à 1,2 %, au lieu de 2,6 % attendu en anticipation – ce qui représente un « effondrement » ! – a également fortement déçu et refroidi les places financières -.
La locomotive américaine ralentit trop fortement.
Les analystes de BNP Paribas (PA:BNPP) IP – Colin Graham et Joost van Leenders – ont rédigé un papier ce vendredi 22 juillet qui insiste sur l’excès d’optimisme des opérateurs sur les perspectives aux USA.
Ils précisent les points sombres et les signaux négatifs qu’ils ont détectés sur l’avenir microéconomique et macroéconomique à court terme de la première puissance économique mondiale.
La Chine inquiète également sur le volet des dettes immobilières avec une explosion du surendettement des ménages suite aux assouplissements monétaires – autrement dit aux déversements d’argent à destination des investisseurs et des ménages qui se sont orientés vers le marché immobilier créant une bulle spéculative -.
La note intéressante de M.Mo Ji du mercredi 20 juillet, analyste et stratégiste auprès de Amundi, détaille les mécanismes de l’endettement immobilier chinois soulignant des risques majeurs d’éclatement.
Après le Brexit, les nuages s’amoncellent un peu plus et la reprise forte espérée encore retardée.