Accusé d’avoir massivement truqué ses comptes, General Electric (NYSE:GE) a connu jeudi dernier sa pire séance boursière depuis 2008. Sur le secondaire, les emprunts émis par le groupe bostonien ont également décroché. Une opportunité d’achat à bon compte ?
Nouvelles turbulences autour de General Electric (NYSE:GE), le plus célèbre des conglomérats américains en difficultés.
Selon Harry Markopolos, comptable célèbre pour avoir averti du caractère frauduleux des activités de Bernard Madoff, le géant industriel dissimulerait non moins de 38 milliards de dollars de pertes dans ses comptes.
Le rapport de 175 pages rédigé par Markopolos évoque également des niveaux d’endettement et de liquidités trop flatteurs, ainsi que des erreurs comptables au sein des activités pétrolières et gazières du conglomérat.
Last but not least, General Electric (NYSE:GE) va devoir constituer des réserves en cash de 18,5 milliards de dollars pour sa branche assurance, estime-t-il.
Spéculations « malintentionnées et intéressées »
En réponse à ces accusations, la direction de General Electric a fait savoir dans un communiqué qu’elle ‘ne se laisserait pas distraire par des spéculations sans intérêt, malintentionnées et intéressées'.Il faut dire que Markopolos a reconnu sur CNBC qu’avant de le rendre public, il avait remis son rapport à un fonds d'investissement qui parie à la baisse sur l’action General Electric (NYSE:GE). Il a admis au passage qu’il toucherait un pourcentage des profits réalisés grâce à son enquête.Quoi qu’il en soit, cette révélation ne contribuera pas à ramener de la crédibilité autour d'un groupe en proie à de sévères difficultés.Fondé en marge de la révolution industrielle par Thomas Edison, l’un des pionniers de l’électricité, General Electric est notamment fragilisé par sa division énergie, qui n’arrive pas à se remettre de la chute des prix de l’électricité de gros et de l’effondrement des commandes de turbines.Le conglomérat doit également composer avec une dette élevée et une position financière fragilisée.
Trimestriels supérieurs aux attentes
On notera que ce rapport explosif est sorti quelques jours après que le géant américain ait fait part de résultats trimestriels supérieurs aux attentes.
Couvrant des secteurs d’activités divers et variés (aéronautique, énergies traditionnelles et durables, éclairage, imagerie médicale, produits financiers…) le conglomérat a bouclé le second trimestre sur un chiffre d’affaires de 28,8 milliards de dollars et un bénéfice ajusté de 17 cents par actions.
Les estimations consensuelles compilées par Bloomberg tablaient sur des revenus de 28,7 milliards et un BPA ajusté de 12 cents.
Après deux trimestres consécutifs teintés de vert, General Electric (NYSE:GE) a toutefois clôturé la période sur une perte pour ses activités poursuivies de 291 millions de dollars.
Une perte liée principalement aux coûts de restructuration de sa division électrique, ainsi qu’au 737 MAX de Boeing (NYSE:BA), cloué au sol depuis mars.
Le pôle aéronautique de General Electric (NYSE:GE) construit pour rappel, via une coentreprise, les moteurs de ce moyen-courrier qui a connu deux accidents mortels en l’espace de quelques mois. Dans les deux cas, un système défaillant de l'avion avait causé l'accident.
General Electric (NYSE:GE) note que les déboires de cet avion lui ont déjà couté 600 millions de dollars. Il prévoit une charge de 400 millions au second semestre si l'immobilisation se poursuit.
Malgré cette perte, le management avait pu rassurer les marchés, en révisant à la hausse ses prévisions annuelles de bénéfice par action, de croissance et de cash-flow pour son activité industrielle.
Tensions sur les rendements obligataires
La publication de ce rapport a fait chuter de 11% l’action du conglomérat. Vendredi, dans un marché teinté de vert à Wall Street, elle effaçait toutefois une bonne partie de ses pertes de la veille.
Sur le secondaire, les obligations ont également perdu quelques plumes dans l’intervalle, les investisseurs revoyant à la hausse leur prétention de rendement pour se positionner sur les emprunts en circulation.
A titre d’exemple, l’obligation remboursable en 2037 a vu son cours repasser sous le pair, de 102 à 99% du nominal. Le rendement à l’échéance de cet emprunt nécessitant une mise de fonds de 100.000 euros progresse en conséquence à 2,16%.
Pour répondre aux éventuelles inquiétudes des créanciers obligataires, on notera que ce niveau de rendement reste pour le moment acceptable et en ligne avec le rating de bonne qualité « BBB+ » accordé par Standard & Poor’s aux emprunts senior non-sécurisés du conglomérat.
Notons que le rendement de cette tranche obligataire se montait encore à 2,77% en début d’année.
En dollars, coupures de 2.000, l’obligation remboursable dans trois ans cote également sous le pair et permet de tabler sur un rendement à l’échéance de 3,25% contre 2,70% mercredi.
Pour assurer le remboursement de son énorme dette, rappelons que la direction a multiplié ces derniers temps les initiatives pour renflouer ses caisses, la dernière en date étant la cession, pour 21,4 milliards de dollars, de ses activités biopharmaceutiques au groupe industriel Danaher.