L’obligation souveraine italienne d'une durée résiduelle de 8 ans affiche un rendement de 4,20% ce jeudi sur le marché secondaire. D’une maturité égale au 1er septembre 2020 et d’un coupon de 4%, l’investisseur doit compter sur un cours de l’ordre de 98,72%. La coupure minimale est de 1.000 euros.
On est donc loin des pics atteints par les rendements au cours de ces douze derniers mois, et plus particulièrement en novembre de l’année dernière (*). A cette époque, l’Italie était rattrapée par la crise de la dette grecque. Les plans d’austérité concoctés dans l’urgence par le gouvernement Berlusconi en juillet et en septembre (pour un total de 60 milliards d’euros) n’avaient guère rassuré les marchés… et les Agences de notation. Le 20 septembre 2011, Standard & Poor’s décidait d’ailleurs de dégrader la note souveraine italienne, une première depuis le début de la crise. Moody’s et Fitch lui emboîteront le pas quelques jours plus tard renforçant un peu plus les tensions sur la dette italienne (**). Ces événements aboutiront à la démission de Silvio Berlusconi le 12 novembre, au profit du technocrate Mario Monti.
Depuis un an, si l’Italie a encore connu des moments de tensions, les importantes réformes mises en œuvre, notamment sur le marché du travail ou encore les finances publiques, ont contribué à apaiser la situation.
Un paquet de mesures a été salué par l’OCDE à la fin septembre et plus récemment par Klaus Regling, le président du Mécanisme européen de Stabilité (MES). Les réformes italiennes n’auront cependant qu’un impact d’ici deux à trois ans ajoute Regling dans une interview récente au quotidien Il Sole 24 Ore. Regling ajoute que la baisse récente des rendements de la dette italienne est le premier signe visible des mesures fiscales et structurelles initiées par Mario Monti.
L’Italie, comme d’autres pays périphériques de la zone euro a aussi été aidée par la décision de la BCE du 6 septembre dernier. Ce nouveau plan, baptisé "Outright monetary transactions" (OMT), a provoqué une nette détente des rendements grecs, espagnols ou encore italiens sur le marché secondaire ces dernières semaines.
Enfin, même si l'Italie talonne la Grèce en termes de dette publique, la situation est loin d’être similaire. Parmi les éléments en faveur de Rome, on peut citer un endettement privé réduit, un secteur bancaire globalement sain ou encore la place d’Italie dans le top 5 des industries de la zone euro. Ces éléments contrastent avec l'effondrement de l’immobilier qui touche un Royaume espagnol confronté par ailleurs à un système bancaire malade de ses créances douteuses.
Rome peut également compter sur un fort taux d’épargne dans le pays. En témoigne le succès massif auprès des particuliers italiens de la troisième émission d’obligations du Trésor italien indexées sur l’inflation. Cette opération, qui a permis de lever 18 milliards d’euros, semble également confirmer le timide retour observé depuis le mois d’août des investisseurs étrangers sur la dette italienne.