Voici l’un des facteurs qui pourrait inciter la FED à durcir sa politique monétaire
Il est indéniable que l’économie américaine est en fin de cycle économique et que le panorama économique est plutôt contrasté, surtout au niveau régional, comme l’indiquent les indicateurs manufacturiers. Toutefois, le risque de récession étant complètement écarté pour le moment, la FED aurait toute légitimité, surtout au regard des taux pratiqués encore bas, de durcir sa politique monétaire en septembre prochain. L’indicateur qui pourrait l’inciter à prendre cette décision ne concerne pas les créations d’emplois. Les chiffres sont bons mais traduisent une tendance de long terme qui est déjà bien intégrée par les membres du FOMC. Rien de nouveau à cet égard. En revanche, la forte progression des salaires est le point qui est le plus à surveiller par la banque centrale au niveau des statistiques macroéconomiques. La hausse de près de 0,3% (contre 0,2% de consensus) du salaire horaire moyen outre-Atlantique est un des arguments certainement les plus solides pour plaider en faveur d’un hausse des taux à la rentrée.
Les derniers faits marquants :
Sur le plan du chômage américain, ce fut une très bonne surprise puisque l’économie américaine a créé en juillet près de 255 000 emplois, le taux de chômage restant inchangé à 4,9%. Le risque d’un ralentissement saisonnier, qui avait été évoqué avant la publication, ne s’est pas matérialisé. Il faut reconnaître qu’une fois encore le consensus de marché a été incapable d’appréhender avec exactitude l’évolution du marché du travail américain puisque l’estimation haute en termes de créations d’emplois était à seulement 200k. Bien évidemment, ce bon chiffre conforte l’hypothèse de hausse des taux en septembre par la FED qui reste, selon nous, la meilleure fenêtre d’opportunité pour agir sur les taux cette année.
Coup dur pour Matteo Renzi alors que le référendum sur la réforme constitutionnelle de l’automne approche: la production industrielle a chuté de 0,4% en juin comparé au mois précédent, et affiche un repli de 1% par rapport au même mois l’an dernier. Le même mouvement négatif est observé en Espagne où la production industrielle a chuté le plus en l’espace de dix-huit mois.
Sans surprise, Ben Broadbent, vice-gouverneur de la Banque d’Angleterre, a affirmé pour rassurer les intervenants de marché que l’institution est disposée à dévoiler de nouvelles mesures si nécessaire. Une nouvelle baisse du taux directeur, à proximité de zéro, est quasiment actée et déjà en partie intégrée dans les cours boursiers, notamment de la livre sterling. L’action de la Banque d’Angleterre a été saluée unanimement, mais elle sera vraisemblablement insuffisante pour pallier complètement les conséquences économiques du Brexit. Seule la politique fiscale pourrait jouer favorablement.
A suivre aujourd'hui :
Sur le plan des indicateurs, la séance sera calme. On surveillera essentiellement l’indice Sentix de confiance des investisseurs en août qui est attendu en hausse à 3,0 contre 1,7 précédemment. Une progression confirmerait que pour les investisseurs le Brexit est un non-évènement et que ses conséquences négatives se feront sentir, au moins dans l’immédiat, surtout sur le Royaume-Uni. Parmi les autres statistiques, le marché se focalisera sur l’indice des tendances de l’emploi du Conference Board dans la foulée de la publication des NFP vendredi dernier.
Dans le reste de la semaine, les investisseurs auront un biais asiatique avec plusieurs chiffres chinois qui seront publiés dont l’IPC annuel (consensus à 1,8% sur un an vs. 1,9% précédemment), les prix à la production qui devraient toujours confirmer la tendance à la déflation, et également la production industrielle et les ventes au détail en fin de semaine. La banque centrale chinoise a, au passage, confirmé sa volonté de maintenir une politique monétaire prudente, mais flexible qui s’appuie en particulier sur l’utilisation du taux de réserve obligatoire des banques pour faire fluctuer le taux de change du yuan et atteindre les objectifs économiques prédéfinis. Comme nous le mentionnions dans nos dernières prévisions trimestrielles pour le T2, le risque qui est aujourd’hui le moins bien « pricé » par le marché est celui d’une accélération de la dévaluation de la monnaie chinoise. Historiquement, une inflexion du taux de réserve obligatoire des banques est annonciatrice d’une dévaluation plus prononcée en Chine. Il faudra donc faire preuve de vigilance dans les semaines à venir pour que la panique boursière d’août 2015 ne se reproduise pas.