PARIS (Reuters) - Les dirigeants des principaux partis politiques français ont défilé samedi dans le bureau de François Hollande, où chacun a campé sur ses solutions pour répondre à la crise engendrée par la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.
Au lendemain de la proclamation des résultats du référendum, le président a consulté les grandes formations présentes aux parlements français et européens, à trois jours du Conseil européen "post Brexit" à Bruxelles.
Aux deux extrêmes, la présidente du Front national Marine Le Pen et le co-fondateur du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, tous deux candidats à l'élection présidentielle de 2017, ont réaffirmé leurs désaccords avec les solutions préconisées par François Hollande, par ailleurs soutenues par le Parti socialiste.
"Nous avons le sentiment d'être venus pour rien", a dit Marine Le Pen, à qui le président a opposé une fin de non recevoir à la proposition de référendum en France sur une sortie de l'Union européenne.
"Comme si le peuple devait être définitivement la dernière roue du carrosse", a-t-elle déploré.
Ressorti "quelque peu consterné" du bureau présidentiel, Jean-Luc Mélenchon a jugé pour sa part que "ce qui est à l'ordre du jour, c'est une agitation et des bricolages et pas du tout une réponse à la hauteur des évènements."
"CE N'EST PLUS À LA GRANDE-BRETAGNE DE FIXER L'AGENDA"
L'ancien élu socialiste a rapporté des propos de François Hollande disant que "s'il doit y avoir une initiative et un nouveau texte, ce nouveau texte devra être proposé avant les élections de 2017".
"Autrement dit, l'élection de 2017 en France et les élections législatives de 2017 en Allemagne comporteront la question européenne et elles fonctionneront comme une sorte de référendum par rapport à ce texte", a-t-il expliqué.
Du côté de la majorité, le premier secrétaire du PS a approuvé l'idée défendue par la France d'acter rapidement le "divorce" du Royaume-Uni et de l'Union européenne afin que la "famille" européenne se retrouve.
"Il n'est pas temps de tergiverser, Ce n'est plus à la Grande-Bretagne de fixer l'agenda de l'Europe", a déclaré Jean-Christophe Cambadélis.
"Aujourd'hui, le divorce est là, nous le regrettons mais nous respectons la parole des peuples. Il faut maintenant se tourner vers la famille, ceux qui sont en Europe et qui l'assument", a-t-il ajouté.
Le PS approuve les propositions esquissées vendredi par François Hollande visant notamment de mettre la sécurité, la défense et la protection des frontières en tête des priorités de l'Union européenne.
Reçu sur le perron de l'Elysée par l'actuel chef de l'Etat, l'ancien président et probable futur candidat à la primaire de la droite pour 2017, Nicolas Sarkozy, a réitéré sa proposition de nouveau traité européen.
"J'ai dit au président de la République combien je pensais vital qu'une initiative très forte soit posée par la France pour poser les bases d'un nouveau traité intergouvernemental pour que l'ensemble des peuples d'Europe comprennent qu'ils ont été entendus", a-t-il déclaré.
"Faisons de cette crise historique l'opportunité d'une nouvelle énergie, d'un nouveau sursaut pour que l'Europe reprenne son destin en mains", a ajouté Nicolas Sarkozy.
Un débat parlementaire sur le "Brexit" doit avoir lieu mardi après-midi en France.
François Hollande a déjà consulté par le passé les dirigeants des principaux partis politiques français sur des questions européennes et après les attentats meurtriers du 13 novembre dernier en France.
(Elizabeth Pineau, édité par Myriam Rivet)