par John Irish et Cyril Altmeyer
PARIS (Reuters) - Les discussions sur la reprise des deux navires de guerre Mistral, qui devaient initialement être vendus à la Russie, "sont relativement avancées" et pourraient se conclure par une vente à l'Egypte, a-t-on appris de sources au fait du dossier.
"Il y a effectivement des discussions qui sont relativement avancées sur la reprise des deux Mistral", a indiqué une des sources. "Normalement c'est l'Egypte. Sur quel financement? Il est clair qu'une partie du financement sera prise sur les aides des pays du Golfe qui lui sont données."
Cette information a été confirmée par une autre source au fait du dossier. Le groupe français DCNS, qui construit les Mistral, n'a pas souhaité faire de commentaires.
Au ministère de la Défense, on se refuse à tout commentaire.
La France a annoncé début août l'annulation de vente à la Russie des deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) Mistral conclue en 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
La non-livraison de ces deux navires, surnommés "couteaux-suisses" pour leur polyvalence, avait été décidée en octobre dernier face à la dégradation de la situation dans l'est de l'Ukraine où la Russie est accusée d'armer les forces séparatistes, ce qu'elle dément.
Le porte-parole du gouvernement français Stéphane Le Foll a indiqué mercredi que l'annulation coûterait moins d'un milliard d'euros à la France.
Le chiffre correspond à ce qu'avait annoncé François Hollande, qui avait parlé d'un remboursement inférieur à 1,2 milliard d'euros - le montant du contrat initial.
En vertu de l'accord passé entre Paris et Moscou, la France n'aura pas de pénalités à verser mais remboursera les montants avancés par la Russie.
STABILITÉ DE L'ÉGYPTE
Début août, François Hollande a assuré que la France ne rencontrerait aucune difficulté pour trouver des repreneurs. Une source proche du dossier avait évoqué une dizaine de pays ayant manifesté leur intérêt.
L'acquisition des BPC par l'Egypte s'inscrirait dans un contexte sécuritaire tendu, nourri par l'instabilité en Libye et dans le Sinaï égyptien où ont trouvé refuge des groupes armés.
Lors de son discours à la conférence des ambassadeurs mardi, François Hollande a insisté sur l'importance de la stabilité de l'Egypte dans la région.
"La France a fait le choix de considérer l'Egypte comme un acteur majeur au Proche-Orient", a souligné le chef de l'Etat qui était présent lors de l'inauguration du nouveau canal de Suez le 6 août. "Sa stabilité est essentielle. L'Egypte attend beaucoup de la France", a-t-il ajouté, soulignant également la relation de "grande confiance" nouée entre Paris, l'Arabie saoudite et les Etats du Conseil de coopération du Golfe.
Fin juillet, Ryad et Le Caire, qui se sont rapprochés à la faveur de l'arrivée d'Abdel Fattah al Sissi au pouvoir en 2013, ont signé un accord prévoyant notamment un renforcement de leur coopération militaire.
Les deux pays, membres de la coalition militaire au Yémen contre les milices chiites houthis, se sont également engagés à oeuvrer en faveur de la création de la force arabe conjointe, proposée par la Ligue arabe fin mars.
A l'heure où l'Egypte tente de redresser son économie, l'Arabie saoudite, le Koweït et les Emirats arabes unis ont annoncé en mars qu'ils lui accorderaient chacun quatre milliards de dollars d'aides ou d'investissements.
Le Caire a acheté l'an dernier quatre corvettes Gowind, construites par DCNS, et serait en train de négocier l'exercice de son option d'achat de deux nouvelles, selon une source proche du dossier.
L'Egypte a par ailleurs conclu en février la vente de 24 Rafale avec la France dans un contrat global de 5,2 milliards d'euros, qui comprend aussi une frégate multimissions Fremm, pour près d'un milliard, ainsi que des missiles.
(avec Elizabeth Pineau et Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)