par Philip Blenkinsop
BRUXELLES (Reuters) - Anheuser-Busch InBev a formulé mercredi une nouvelle offre sur son concurrent SABMiller, la portant à 68,2 milliards de livres (92,3 milliards d'euros), dans le but de développer son offre en Afrique en particulier.
Le premier brasseur mondial précise dans un communiqué qu'il propose dorénavant 42,15 livres par action du numéro deux mondial, après avoir fait deux précédentes offres à 38 et 40 livres.
L'action AB InBev gagnait 1,8% en Bourse de Bruxelles en fin de matinée, ayant sensiblement réduit ses gains du début de séance, tandis que SABMiller gagnait encore 1,3% à Londres.
Le brasseur belge juge son offre attrayante pour les actionnaires de SABMiller et se dit déçu du rejet par le conseil d'administration du brasseur britannique de ses précédentes propositions.
SABMiller a dit pour sa part qu'il étudierait la nouvelle offre de son concurrent. Il précise avoir rejeté une précédente offre informelle lundi, notant que la nouvelle ne représentait somme toute que 15 pence de mieux par action par rapport à cette dernière.
Le président de SABMiller Jan du Plessis a qualifié l'entreprise qu'il dirige de "joyau de la couronne de l'industrie mondiale de la bière". "AB InBev a besoin de SABMiller mais a fait une proposition très opportuniste et soumise à de nombreuses conditions (...) AB InBev sous-évalue considérablement SABMiller", a-t-il ajouté.
SABMiller se dit enfin certain de pouvoir dégager de la valeur pour les actionnaires en restant indépendant.
ALTERNATIVE AVEC TITRES POUR CERTAINS ACTIONNAIRES
AB InBev propose une alternative en titres pour son offre en numéraire mais il précise qu'elle se limitera à 41% du capital de SABMiller et qu'elle est conçue avant tout pour les actionnaires de sa cible que sont Altria et la famille Santo Domingo.
Dans ce cadre, AB InBev propose 2,37 livres en numéraire plus 0,48 titre AB InBev spécial et non coté, convertible en action ordinaire à l'issue d'une période bloquée de cinq ans.
Le cigarettier Altria, qui détient 26,56% de SABMiller, a dit qu'il soutenait cette nouvelle proposition et qu'il était disposé à choisir la solution alternative.
Carlos Brito, le directeur général d'AB InBev, a déclaré en conférence de presse qu'il comptait également sur le soutien de la famille Santo Domingo, qui détient 13,9% de SABMiller par le biais de la holding BevCo, selon des données de Thomson Reuters.
La nouvelle entité serait un titan de la brasserie, confectionnant près du tiers de toute la bière consommée dans le monde. AB InBev, très présent aux Amériques, se renforcerait en Afrique et récupèrerait des brasseries en Amérique latine et en Asie. Les marques Peroni, Grolsch, Pilsner Urquell, entre autres, de SAB Miller rejoindraient les Budweiser, Stella Artois et autre Corona d'AB InBev.
L'Afrique devrait connaître une forte hausse de la population en âge de boire de l'alcool dans les années à venir, ainsi qu'une croissance de la consommation de bière par une classe moyenne en plein essor.
Au contraire, les volumes de bière consommés ont régulièrement diminué en Europe occidentale et en Amérique du Nord ces 20 dernières années. Aux Etats-Unis en particulier, le consommateur se tourne vers des bières élaborées par de petits producteurs.
AB InBev a également déclaré mercredi qu'il comptait opérer une deuxième introduction en Bourse, à Johannesburg, et y établir un siège social régional.
Les analystes doivent dans cette opération la phase ultime de la consolidation du secteur de la brasserie, dont les quatre premiers intervenants, soit AB InBev, SABMiller, Heineken et Carlsberg, assurent plus de la moitié de la production.
(avec la contribution de Robert-Jan Bartunek à Bruxelles, Aastha Agnihotri à Bangalore et Martine Geller à Londres, Benoit Van Overstraeten et Wilfrid Exbrayat pour le service français)