WASHINGTON (Reuters) - L'administration américaine a pris mercredi des sanctions contre le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, dans le cadre de la campagne de pressions que Washington entend exercer sur Téhéran, une démarche qui pourrait nuire aux chances d'une potentielle sortie de crise diplomatique.
Zarif, personnalité éminente de la République islamique et au coeur de l'accord international de 2015 sur le programme nucléaire iranien, a balayé l'importance de ces sanctions américaines et déclaré qu'elles ne l'affecteraient pas.
Selon le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, cette décision est justifiée par le fait que Zarif a aidé à mettre en oeuvre "la politique imprudente" du guide religieux de la révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei.
"Les Etats-Unis envoient un message clair au régime iranien, son comportement récent est totalement inacceptable", a dit Mnuchin dans un communiqué.
Les sanctions instaurées par Washington visent tous les biens ou intérêts dont Zarif dispose aux Etats-Unis, mais le chef de la diplomatie iranienne a dit n'en avoir aucun.
"Le motif pour lequel les Etats-Unis me ciblent est que je suis le principal porte-parole de l'Iran à travers le monde", a-t-il écrit sur Twitter (NYSE:TWTR). "Cela n'a aucun effet pour moi ou pour ma famille, puisque je n'ai aucun bien ou intérêt en dehors de l'Iran", a-t-il poursuivi.
Zarif a vécu aux Etats-Unis, où il a suivi des études de relations internationales, puis en tant qu'ambassadeur de l'Iran auprès des Nations unies, à New York, de 2002 à 2007.
Un représentant de haut rang de l'administration américaine a réitéré que la Maison blanche était disposée à entamer des discussions avec l'Iran, mais il a souligné que la présidence américaine ne considérait pas Zarif comme l'interlocuteur prioritaire pour discuter du contrôle du programme nucléaire iranien.
Dans un nouveau message publié sur Twitter jeudi matin, Zarif a déclaré que la paix et le dialogue posaient une "menace existentielle" aux faucons alliés de Trump qui prônent une ligne dure à l'égard de l'Iran.
Le sénateur démocrate Chris Murphy, membre de la commission sénatoriale des Affaires étrangères, a mis en question la démarche de l'administration Trump. "Si notre position est vraiment que nous voulons négocier avec l'Iran, alors peut-être ne devrions-nous pas sanctionner leur négociateur en chef", a-t-il dit sur Twitter.
Donald Trump a décidé en mai 2018 de retirer les Etats-Unis de l'accord conclu en juillet 2015 à Vienne par l'Iran et le groupe P5+1, les cinq membres du Conseil de sécurité de l'Onu (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) et l'Allemagne.
Depuis cette date, le président américain a rétabli des sanctions contre l'Iran avec l'espoir d'asphyxier son économie afin de contraindre ses dirigeants à revenir négocier un autre accord.
Trump estime que l'accord conclu par l'administration Obama est l'un des pires jamais signés par les Etats-Unis dans leur histoire.
Cette politique a conduit à une escalade des déclarations et des mesures prises par les deux pays, l'Iran ayant annoncé en mai dernier qu'il allait progressivement se soustraire aux obligations qui lui sont faites dans le cadre de l'accord.
(Jeff Mason et Eric Beech; Pierre Sérisier et Jean Terzian pour le service français)