PARIS (Reuters) - Adnan Abou Walid al Sahraoui, chef du groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS), a été tué en août par les forces françaises au Sahel, a annoncé jeudi la France, qui se félicite d'avoir porté un "coup décisif" à cette organisation jugée responsable de la mort de milliers de civils.
"Il s'agit d'un nouveau succès majeur dans le combat que nous menons contre les groupes terroristes au Sahel", a déclaré le président Emmanuel Macron dans un message publié dans la nuit de mercredi à jeudi sur son compte Twitter (NYSE:TWTR).
Selon la ministre des Armées, Florence Parly, Adnan Abou Walid al Sahraoui était le chef "incontesté, autoritaire" de la branche de l'EI au Sahel, qu'il a fondée en 2015 après avoir été un cadre de filiales d'Al Qaïda dans la région.
L'EIGS est "responsable de la mort de 2.000 à 3.000 civils" en près de dix ans dans la zone dite "des trois frontières" aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso et Al Sahraoui a notamment ordonné personnellement l'exécution de six travailleurs humanitaires français et de leurs guide et chauffeur nigériens en août 2020 à Kouré, au Niger, a-t-elle rappelé.
A la suite d'une "opération de renseignement de longue haleine", avec notamment des informations recueillies après la capture de combattants de l'EIGS, les forces françaises ont mené une intervention aérienne et terrestre du 17 au 22 août dans la région transfrontalière du Liptako, ont expliqué Florence Parly, Thierry Burkhard, chef d'état-major de l'armée française, et Bernard Emié, directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), au cours d'une conférence de presse commune.
"OBJECTIF INCHANGÉ"
Durant cette intervention, un drone Reaper a tiré sur une moto le 17 août et "tout indique" qu'Adnan Abou Walid al Sahraoui était l'un des deux passagers, a dit Thierry Burkhard.
Un commando d'une vingtaine de soldats, appuyé par des Mirage et des drones, est notamment intervenu au sol et une dizaine de combattants de l'EIGS ont été tués.
La mort d'Adnan Abou Walid al Sahraoui constitue "le point d'orgue d'une longue série de neutralisations et de captures qui désorganise, qui divise durablement le haut commandement" de l'EIGS, a affirmé Florence Parly, rappelant que les forces françaises avaient déjà tué les numéros deux et trois de l'organisation depuis le début de l'année.
"(Cela) porte un coup décisif au commandement de Daech au Sahel mais aussi à sa cohésion car l'EIGS aura sans doute des difficultés à remplacer son émir par une figure qui dispose de la même envergure", a-t-elle ajouté, tout en admettant que cette organisation conservait "une capacité opérationnelle de nuisance".
Ce "succès important", selon les termes de l'Elysée, intervient alors qu'Emmanuel Macron a annoncé en juin la fin prochaine de l'opération Barkhane et le redéploiement des forces françaises au Sahel, afin de les concentrer sur la lutte contre les "groupes terroristes".
"Notre objectif est inchangé: empêcher Daech et Al Qaïda d'utiliser le Sahel comme base arrière sans se substituer à la souveraineté des pays de la région", a dit Florence Parly.
(Reportage Camille Raynaud, Elizabeth Pineau et Bertrand Boucey, édité par Jean-Stéphane Brosse)