Le ministre allemand de l'Economie Philipp Rösler a justifié les exigences avancées par le gouvernement allemand dans la fusion entre EADS et BAE Systems, expliquant que "l'Allemagne doit préserver ses intérêts", dans un entretien à paraître dans le journal dominical Welt am Sonntag.
"Une fusion entre EADS et BAE Systems est une chance indiscutable, mais dans le cadre d'un rapprochement, l'Allemagne doit aussi préserver ses intérêts", a déclaré le ministre.
Le quotidien Die Welt avait indiqué vendredi que Berlin avait présenté, comme condition à son aval à la fusion des deux groupes, un "catalogue d'exigences", réclamant avant tout le respect de l'équilibre franco-allemand dans le nouvel ensemble.
"Si les conditions sont toutefois remplies, alors une fusion aura un sens", a estimé M. Rösler, impliqué côté allemand dans les négociations concernant le rapprochement des deux entités aux côtés de ses homologues des Finances, Wolfgang Schäuble, et de la Défense, Thomas de Maizière.
Selon le ministre, "la nouvelle entité européenne (...) ne pourra réussir qu'à la condition que chacun des sites de production engagés apporte son expertise".
Il cite comme exemple l'expertise allemande dans le domaine de la production de technologies de pointe, dont il réclame le renforcement.
Il justifie également un point du document allemand demandant le respect de l'équilibre dans la localisation des centres de décision, afin de protéger les sites allemands, réclamant une "répartition équitable" entre les pays impliqués dans le dossier.
Les sièges d'EADS étaient jusqu'ici situés à Munich et Paris. Le siège d'EADS doit déménager à Toulouse (sud-ouest de la France), où est également basé Airbus, la filiale d'aéronautique civile, alors que le siège des activités d'armement pourrait être déplacé en Grande-Bretagne en cas de fusion.
M. Rösler estime également que "dans la nouvelle entité, l'équilibre entre la France et l'Allemagne doit être sécurisé".
Selon Die Welt, pour assurer l'équilibre franco-allemand, les Allemands sont prêts à envisager d'acquérir les actions détenues par Daimler (15%) et par un consortium public-privé, Dedalus (7,5%), si Paris ne veut pas vendre sa participation.
Le gouvernement français contrôle directement 15% du capital d'EADS, auquel il faut ajouter les 7,5% contrôlés par Lagardère. En cas de fusion, la participation directe du gouvernement français dans le nouveau groupe serait de 9%.