Les Bourses chinoises espéraient mercredi voir enfin vraiment décoller leur internationalisation, après la décision de la société américaine MSCI de les inclure dans un important indice boursier mondial.
Les places de Shanghai et Shenzhen s'inscrivaient en légère hausse mercredi, au lendemain de l'annonce de l'inclusion de 222 valeurs chinoises dans l'indice MSCI des marchés émergents.
La Chine attendait impatiemment cette décision, qui lui avait été refusée trois années de suite, y voyant le reflet de son importance croissante sur les marchés financiers mondiaux.
Elle pourrait se traduire par un afflux de 12 milliards de dollars (11 milliards d'euros) en direction des valeurs concernées, a calculé la banque ANZ. Beaucoup d'investisseurs internationaux mesurent la performance de leur portefeuille par rapport aux indices MSCI et ne peuvent acheter de valeurs qui n'en font pas partie.
Pour l'heure, la présence des investisseurs étrangers reste minime dans la capital des sociétés cotées de l'Empire du milieu: à peine 2% selon des estimations.
"Nous nous félicitons que MSCI ait pris cette décision", a déclaré le porte-parole de la Commission chinoise des opérations de bourse, Zhang Xiaojun.
Deux ans après le krach boursier chinois de l'été 2015, cette mesure "illustre la confiance des investisseurs internationaux envers une économie chinoise stable avec des perspectives positives, et envers la stabilité des marchés financiers chinois", a salué M. Zhang.
- 'Une goutte d'eau' -
La société de services financiers MSCI a justifié mardi à New York sa décision par "le vaste soutien" des investisseurs institutionnels et l'assouplissement de la réglementation chinoise sur la détention de titres "A" par les étrangers.
Les titres "A" sont cotés en yuans et étaient jadis réservés aux investisseurs chinois, à la différence des titres "B" qui le sont en dollars.
"MSCI a bon espoir que les changements positifs constatés en Chine ces dernières années vont continuer à accélérer", a déclaré le directeur général de MSCI, Rémy Briand.
Les 222 valeurs chinoises retenues par MSCI représenteront 0,73% de son indice des pays émergents mais cette part pourrait augmenter à mesure que la Chine ouvre sa porte aux investisseurs étrangers, selon la société américaine.
L'indice des pays émergents est suivi selon MSCI par plus de 1.500 milliards de dollars de capitaux. Les valeurs chinoises ne le rejoindront entièrement qu'en juin 2018.
"Nous n'anticipons pas de flux soudain" d'argent en direction des 222 valeurs sélectionnées, préviennent les économistes d'ANZ, tout en relativisant le chiffre de 12 milliards de dollars qu'ils ont avancé: c'est à peine la moitié de la fuite des capitaux subie par la Chine en mai (27 milliards de dollars).
"C'est une goutte dans l'océan", observe l'analyste Shen Zhengyang, du cabinet Northeast Securities.
- Une transparence accrue ? -
Reste qu'à terme la décision de MSCI est positive selon lui pour les marchés chinois, qui ont déjà repris 18% depuis le point bas qu'ils avaient atteint en janvier 2016 dans la foulée du krach de l'été précédent.
"Les investisseurs pourraient désormais estimer que le marché chinois va devenir mieux régulé, plus mûr et plus international", observe M. Shen, évoquant le manque de confiance qui habite généralement les investisseurs chinois à l'endroit des organes de réglementation de Pékin.
Même espoir du côté d'ANZ: "l'ouverture continue des marchés financiers chinois et la participation accrue des investisseurs étrangers inciteront la Chine à améliorer la transparence de ses organes de supervision".
L'économie chinoise avait déjà bénéficié d'un signe d'internationalisation à l'automne dernier avec l'inclusion du yuan dans le panier des monnaies de référence du Fonds monétaire international, même si la monnaie chinoise n'est toujours pas entièrement convertible.
Puis en décembre, a été mise en place une plateforme d'échanges entre les places de Hong Kong et de Shenzhen, deux ans après une interconnexion similaire entre Shanghai et l'ancienne colonie britannique. Ces plateformes offrent aux investisseurs mondiaux un accès inédit aux entreprises chinoise.