Comme en 1999, le taux de chômage a dépassé les 10% d'actifs en France métropolitaine au quatrième trimestre 2012, bondissant à 10,2% et accusant un nouveau record chez les jeunes (25,7%), selon les chiffres de l'Insee publiés jeudi.
Avec l'Outre-mer, où cette barre symbolique avait été franchie dès le premier trimestre, le chômage a atteint 10,6% en moyenne sur le dernier trimestre.
Le taux de chômage est en hausse depuis six trimestres (mi-2011).
Sur un an, la hausse est de 0,8 point (0,3 point par rapport au trimestre précédent) en métropole. Le dernier taux supérieur à 10% avait été enregistré au deuxième trimestre 1999 (10,2% également).
Le record absolu, 10,8%, a été atteint en 1994 et 1997.
L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui établit chaque trimestre une projection à partir d'une enquête auprès de 100.000 personnes, estime désormais que 2,9 millions de personnes sont au chômage en métropole au sens des normes du Bureau international du travail (BIT).
L'Insee considère comme chômeurs les personnes de plus de 15 ans cherchant activement un emploi et n'ayant pas du tout travaillé au cours de la semaine de référence de l'enquête.
Plus généralement, 3,7 millions de personnes souhaitaient travailler, qu'elles soient ou non disponibles dans les deux semaines et qu'elles recherchent ou non activement un emploi.
Une nouvelle fois, les jeunes sont les plus durement frappés: le taux de chômage des 15-24 ans grimpe de 3,4 pts sur un an, marquant un nouveau record avec plus d'un jeune actif sur quatre au chômage (25,7%), soit 730.000 personnes. Comparativement, ce taux est supérieur de près de 4,5 points au chômage des jeunes mi-1999.
Les seniors "restant actifs plus longtemps" du fait des réformes des retraites, "il y a de moins en moins de places disponibles pour les jeunes sur le marché du travail", par ailleurs sclérosé, analyse Marion Cochard, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Plus nombreux en emploi (leur taux d'emploi progresse de 3 pts sur un an, à 45,8%), les 55-64 ans sont toutefois aussi plus souvent au chômage (+0,8 pt sur un an à 7,2%).
Malgré le scepticisme des économistes, le président François Hollande a réitéré lundi son "objectif" d'inverser la courbe du chômage à la fin de l'année. Cela "n'est pas évident" mais "tout-à-fait possible", a réagi depuis Bruxelles le ministre de l'Economie Pierre Moscovici, après la publication de ces nouveaux chiffres.
Voyant dans cette situation le résultat du "modèle économique désastreux imposé par l'Union européenne", la présidente du FN Marine Le Pen a de son côté réclamé un "référendum sur la fin de l'Union européenne".
"Le gouvernement, avec la Commission européenne, se bat pour que nous ayons des mesures de croissance", a commenté le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. L'objectif fixé par le président, "bien sûr que nous y croyons (...) tous les jours nous nous battons pour préserver l'outil industriel", a-t-il ajouté.
Mais en 2012, année de croissance nulle, l'économie française a perdu 66.800 emplois privés et la situation n'est pas près de s'arranger.
L'Insee prévoit un chômage à 10,5% au deuxième trimestre 2013 (10,9% Dom compris). D'après l'OFCE, le taux de chômage atteindra 11% en fin d'année, pour se stabiliser seulement en 2014.
Les 100.000 emplois d'avenir programmés par le gouvernement pour 2013 "auront un impact immédiat", estime Mme Cochard. Mais ces contrats aidés longs destinés aux jeunes non qualifiés sont signés à rythme très lent depuis leur lancement en novembre dernier.
Quant à la réforme du marché du travail, transposition de l'accord du 11 janvier entre les partenaires sociaux, elle pourra juste, comme les autres outils, "amortir la hausse du chômage", souligne l'économiste.
Selon Mme Cochard, cette réforme adoptée mercredi en Conseil des ministres "peut permettre d'éviter des licenciements, si comme en Allemagne, les entreprises font une bonne utilisation des accords de flexibilité, c'est-à-dire transitoire et si elles en ont véritablement besoin".
Cependant, pour créer des emplois et inverser la courbe, un minimum de 1,5% croissance annuelle est nécessaire, rappelle-t-elle.