La production industrielle de l'Allemagne a rebondi avec beaucoup moins de vigueur que prévu en juin, affichant une hausse de 0,3% sur un mois qui constitue la deuxième déconvenue de la semaine pour le secteur.
En mai la production avait chuté de 1,7%, les analystes interrogés attendaient un rebond mécanique d'au moins 1% pour juin.
Mais sur le dernier mois du deuxième trimestre l'industrie manufacturière n'a affiché qu'une maigre progression de 0,1%. Le secteur énergétique et le BTP ont fait un peu mieux avec +0,8% et +1,2% respectivement, selon les chiffres à prix constants, corrigés des variations saisonnières et calendaires publiés jeudi par le ministère de l'Economie.
"Pour le dire sans détours, les chiffres sont franchement décevants", commente Andreas Rees, d'Unicredit, qui les trouve de surcroît "difficiles à expliquer".
Le ministère de l'Economie estime que "les événements géopolitiques ont probablement tempéré" l'activité de l'industrie. Pour M. Rees toutefois l'effet des tensions avec la Russie sur les indicateurs du deuxième trimestre devrait être modéré, c'est surtout dans les mois à venir qu'il se fera sentir.
Le chiffre de juin, après un plongeon de plus de 3% des commandes le même mois, est en tout cas de mauvais augure pour la croissance du deuxième trimestre.
Sur l'ensemble de celui-ci, le recul de la production industrielle est de 1,5% par rapport au premier, précise le ministère. La baisse est même de 5,8% dans le secteur du BTP.
Pour Johannes Gareis de Natixis ces données suggèrent même un possible recul du PIB allemand au deuxième trimestre, tant l'industrie est clé pour la santé de l'économie du pays. Le chiffre sera publié le 14 août.
En attendant le ministère de l'Economie veut croire que "la tendance fondamentalement positive devrait se poursuivre" dans l'industrie.
La chute des commandes annoncée mercredi, la plus forte depuis près de trois ans, met une hypothèque sur un rebond de l'activité industrielle ces prochains mois, jugent certains économistes.
En outre, même si les Etats-Unis se reprennent et que les chiffres en provenance d'Espagne sont bons, nombre de partenaires de l'Allemagne sont toujours en souffrance - l'Italie, la France - et "le facteur Poutine est parti pour durer", prédit Christian Schulz, de Berenberg.
Mais, au moins pendant un moment, la demande intérieure allemande, solide, "peut absorber certains de ces soubresauts externes", assure-t-il.