Sanofi-Aventis va procéder à 575 suppressions d'emplois dans sa branche commerciale, son troisième plan de ce type en quatre ans dans le même secteur, très durement touché par les mutations actuelles de l'industrie pharmaceutique.
Ce sont les visiteurs médicaux, chargés de faire la promotion des médicaments auprès des médecins, qui paieront le plus lourd tribut à cette réorganisation: 497 postes de visiteurs seront supprimés d'ici au printemps prochain, et 78 autres postes dans la filiale commerciale du groupe en France.
"La principale raison" de cette réorganisation, "ce sont les changements assez profonds de notre métier", fait valoir auprès de l'AFP Nicolas Cartier, directeur général de Sanofi-Aventis en France.
"Avant, on avait des médicaments qui traitaient des pathologies très fréquentes, prises en charge par des dizaines de milliers de médecins généralistes pour lesquels nous avions besoin de beaucoup de visiteurs médicaux", rappelle M. Cartier.
Mais la concurrence accrue des médicaments génériques, un contexte réglementaire plus difficile et les velléités d'économies des gouvernements dans les dépenses de santé sont en train de bouleverser la donne.
Contraint de chercher des relais de croissance notamment dans des secteurs où les génériques auront plus de mal à entrer (oncologie, diabète, biotechnologies, santé grand public), Sanofi, comme la plupart de ses concurrents, abandonne peu à peu le traditionnel modèle des "big pharma".
"A l'avenir, on sera sur des maladies plus pointues (...), prises en charge le plus souvent par des spécialistes ou à l'hôpital et pour lesquelles on a besoin de moins de visiteurs médicaux", résume Nicolas Cartier.
Deux ans après la suppression en France de 927 postes dans ses effectifs commerciaux, touchant déjà une très large majorité de visiteurs médicaux, et quatre ans après un plan similaire ayant touché 504 emplois, l'"addition est salée" pour la visite médicale, relève Hervé de Tassigny, délégue CFE-CGC chez Sanofi-Aventis.
Les visiteurs médicaux de Sanofi, qui étaient encore près de 2.500 en octobre 2008, sont aujourd'hui 1.860. Ils devraient n'être plus qu'environ 1.300 après ces nouvelles suppressions de postes.
Du côté de la CGT, la réaction est encore plus violente: "Très clairement, cette annonce est scandaleuse et nous sommes dégoûtés de cette direction", a commenté Thierry Bodin, coordinateur CGT au sein de Sanofi-Aventis, en soulignant que le groupe pharmaceutique avait engrangé en 2009 des profits parmi les plus importants du CAC 40 (5,3 milliards d'euros).
"Il ne se passe pas six mois sans qu'il y ait l'annonce d'un plan de suppressions de postes chez Sanofi", ajoute M. Bodin, appelant pouvoirs publics et élus à intervenir "pour dénoncer une entreprise qui touche des dizaines de millions d'euros de crédits impôt recherche, qui vit grâce à l'assurance-maladie et qui supprime des postes au nom de la seule rentabilité".
Depuis l'arrivée de son directeur général Chris Viehbacher il y a deux ans, le groupe est engagé dans un vaste plan destiné à lui faire économiser 2 milliards d'euros en 2013 par rapport à 2008.
Et si les visiteurs médicaux sont durement touchés, ils sont loin d'être les seuls, puisque Sanofi a également engagé en France une réorganisation de sa chimie et de sa recherche.
Plus récemment, le groupe a également annoncé la suppression de 1.700 emplois aux Etats-Unis.
Les suppressions d'emplois annoncées lundi prendront la forme de mesures d'âge et par le biais d'un programme d'accompagnement des salariés dans des reconversions professionnelles, selon M. Cartier.
Elles devraient être effectives d'ici au printemps prochain.