Le désaccord franco-allemand sur les euro-obligations a été ravivé mardi, Paris et Berlin campant fermement sur leurs positions avant un sommet européen qui doit étudier la proposition remise sur la table par le président de l'UE Herman Van Rompuy.
"Vous pouvez le tourner comme vous le voulez: qu'on appelle ça des +eurobills+, des +fonds de rédemption de la dette+ ou comme auparavant des +euro-obligations+, ce type d'émission de dette commune ne pourra se faire avec notre gouvernement", a prévenu le ministre délégué aux Affaires européennes allemand, Michael Link, en marge d'une réunion ministérielle à Luxembourg.
"Nous l'avons toujours dit de manière très claire à nos partenaires européens", a-t-il rappelé.
"Eh bien nous c'est oui, tout aussi clairement", a réagi son homologue français Bernard Cazeneuve.
"L'ambiguité n'est pas bonne pour la relation franco-allemande", a-t-il estimé, ajoutant que "les compromis entre la France et l'Allemagne ne sont jamais aussi forts que quand la France et l'Allemagne se parlent franchement".
Michael Link n'est pas de cet avis et préfèrerait ne pas donner l'impression d'une UE divisée au sommet de jeudi et vendredi.
"Proposer des choses (...) qui pour certains ne sont pas acceptables, ne fait que conduire à un sommet qui donnera à nouveau une impression de division", a-t-il prévenu.
Dans un rapport intérimaire qui doit encore être peaufiné d'ici décembre, le président de l'UE ne va pas jusqu'à parler ouvertement d'euro-obligations. Mais il évoque un budget central de la zone euro, dont un élément clé "serait sa capacité à emprunter".
Il y évoque notamment des instruments de dette à court terme (Treasury bills), mais aussi un fonds d'amortissement de la dette des Etats-membres.
Berlin et Paris s'opposent également sur la nouvelle supervision bancaire de la zone euro. L'Allemagne préfèrerait une mise en place pas à pas de ce superviseur bancaire unique, adossé à la Banque centrale européenne (BCE), quand Paris pousse à avancer "le plus vite possible" sur ce dossier et souhaite, comme la Commission européenne, une entrée en vigueur dès le 1er janvier 2013.
Selon Michael Link il vaut mieux "ne pas parler de dates concrètes, cela ne ferait que décevoir les gens".
"Le calendrier qui avait été fixé, c'était celui de la fin de l'année, il faut toujours essayer de tenir le calendrier qu'on s'est fixé, toujours !", a rétorqué Bernard Cazeneuve.