Le moral des industriels français, qui avait marqué le pas le mois dernier, a atteint en janvier son plus haut niveau depuis septembre 2008, a indiqué vendredi l'Insee, mais selon les économistes les prochains mois resteront difficiles.
L'indicateur synthétique du climat des affaires mesuré par l'Institut national de la statistique a progressé de 4 points en janvier à 92 points. Il avait touché en mars 2009 un plancher depuis sa création à 69 points, après quinze mois de dégringolade continue due à la crise.
"Il avait commencé à baisser début 2008, sous le coup des effets diffus de la crise financière et surtout de la hausse des prix du pétrole, qui a pesé sur la demande", a rappelé à l'AFP Eric Dubois, directeur des études et synthèses économiques à l'Insee. "La faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 a ensuite accéléré la baisse", a-t-il poursuivi.
Depuis mars 2009, l'indicateur s'est redressé, se rapprochant mois après mois de sa moyenne de longue période (100 points), sans toutefois réussir à retrouver ce niveau. Il plafonnait depuis le mois d'octobre à 89, 90 ou 88 points.
En janvier, les entrepreneurs de l’industrie manufacturière estiment que leur activité passée a sensiblement progressé, retrouvant ainsi un niveau proche de sa moyenne de longue période, précise l'Insee.
Les stocks de produits finis sont toujours jugés très légers. Cela "suggère que le mouvement de déstockage entamé au début de la crise est arrivé à son terme", relève Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès.
Parallèlement, les carnets de commandes, globaux comme pour l'étranger, se regarnissent, mais sont encore considérés comme "très peu étoffés", selon l'Insee. "Si tout remonte, tout reste bas!", souligne Nicolas Bouzou. Ces carnets de commande sont ainsi à peu près au même niveau que pendant la crise de 1993, note-t-il.
"L'équilibre reste très précaire", estime aussi Alexander Law, économiste chez Xerfi, pour qui "les prochains mois seront encore difficiles".
Les économistes en veulent pour preuve le niveau toujours faible des perspectives personnelles de production des industriels pour les prochains mois. Les perspectives générales, qui représentent l’opinion des industriels sur l’activité de l’industrie dans son ensemble, s’améliorent nettement. Mais "le retour de la croissance ne se fait pas forcément sentir" sur l'activité des chefs d'entreprise, souligne Alexander Law.
"Au vu de ces perspectives, on n'attend pas d'accélération de l'activité à court terme", estime aussi Eric Dubois.