par Noah Browning
LONDRES (Reuters) - Le ralentissement des exportations d'hydrocarbures russes après l'invasion de l'Ukraine en février dernier, va durablement transformer le paysage énergétique mondial et pourrait permettre d'accélérer la transition vers des sources d'énergies vertes, a déclaré jeudi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
L'agence reconnaît dans son rapport annuel sur les perspectives énergétiques mondiales les retombées économiques de l'interruption des livraisons de pétrole, de gaz naturel et de charbon russe, tout en retenant un scénario environnemental optimal dans lequel aucun investissement dans de nouveaux projets s'appuyant sur des combustibles fossiles n'est nécessaire.
Le rapport de l'AIE indique que la crise mondiale de l'énergie provoque des changements profonds et durables qui pourraient accélérer la transition vers des systèmes énergétiques plus sûrs et durables.
"Les marchés de l'énergie et les politiques énergétiques ont changé après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, pas seulement dans l'immédiat mais pour les décennies à venir", estime le directeur exécutif de l'Agence, Fatih Birol.
"Le monde de l'énergie se transforme drastiquement devant nos yeux. Les réponses apportées par les gouvernements à travers le monde promettent de faire de ce moment un tournant définitif et historique vers un système énergétique plus propre, plus abordable et plus sûr", a-t-il ajouté.
Selon l'AIE, les investissements mondiaux dans le secteur de l'énergie propre devraient progresser de plus de 2.000 milliards de dollars par an d'ici 2030, "les marchés internationaux de l'énergie (connaissant) un changement d'orientation profond, alors que les pays s'adaptent à l'interruption des flux (énergétiques) entre la Russie et l'Europe".
L'agence avait surpris le secteur de l'énergie l'an dernier en déclarant que la baisse de la demande et le développement des carburants à faibles émissions avaient rendu l'exploitation de nouveaux gisements pétroliers et gaziers au-delà de 2021 superflu.
(Reportage Noah Browning; version française Camille Raynaud)