Par David Wagner
Investing.com - Le prix du pétrole s'est écroulé de 30 % environ au début des échanges hier soir après que l'échec de l'OPEP à conclure un accord avec ses alliés concernant la réduction de la production ait poussé l'Arabie saoudite à réduire ses prix alors qu'elle s'apprêtait apparemment à augmenter sa production, ce qui a fait craindre une guerre des prix généralisée.
Les contrats à terme de référence internationale du Brent ont chuté de 30 % pour atteindre 31,02 dollars le baril, leur plus bas niveau depuis février 2016. Le brut West Texas Intermediate américain a chuté de 31% à 28,5 dollars le baril, son plus bas niveau depuis février 2016. Le WTI est sur le point de connaître sa pire journée depuis janvier 1991, pendant la guerre du Golfe, et sa deuxième plus mauvaise journée jamais enregistrée.
Rappelons que l'Arabie saoudite a annoncé samedi des réductions massives de ses prix de vente officiels pour le mois d'avril. Il se murmure par ailleurs que le pays se préparerait à augmenter sa production au-delà de la barre des 10 millions de barils par jour, selon un rapport de Reuters.
Le royaume pompe actuellement 9,7 millions de barils par jour, mais a la capacité d'augmenter jusqu'à 12,5 millions de barils par jour.
La baisse des prix de l'Arabie Saoudite fait suite à l'échec des négociations de Vienne la semaine dernière. Jeudi, l'OPEP a recommandé des réductions de production supplémentaires de 1,5 million de barils par jour à partir d'avril et jusqu'à la fin de l'année. Mais la Russie, alliée de l'OPEP, a rejeté ces réductions supplémentaires lors de la réunion de l'OPEP+ de vendredi.
La réunion s'est également terminée sans directive sur les réductions de production qui sont actuellement en place mais qui doivent expirer à la fin du mois. Cela signifie que les nations auront bientôt le champ libre sur la quantité de pétrole qu'elles peuvent pomper.
"A partir du 1er avril, nous commençons à travailler sans nous soucier des quotas ou des réductions qui étaient en place auparavant", a déclaré le ministre russe de l'énergie, Alexander Novak, aux journalistes vendredi lors de la réunion de l'OPEP+ à Vienne, ajoutant : "mais cela ne signifie pas que chaque pays ne surveillerait pas et n'analyserait pas l'évolution du marché".
Les prix du pétrole ont déjà fortement baissé cette année, l'épidémie de coronavirus ayant entraîné une baisse de la demande de brut, et plus particulièrement de la demande chinoise. Une éventuelle surabondance de l'offre pourrait exercer une pression supplémentaire sur les prix.
"Les deux événements - l'effondrement du coronavirus et de l'OPEP+ - n'étaient pas prévus ni pris en compte sur le marché il y a un mois", a déclaré Rebecca Babin, négociatrice principale en actions pour CIBC Private Wealth Management. Elle a ajouté que les éléments clés à surveiller à l'avenir sont de savoir si l'Arabie saoudite et la Russie concluront ou non un accord.
Or, sans accord, le prix du pétrole pourrait continuer à chuter, selon plusieurs analystes.
″20 dollars de pétrole en 2020, c'est pour bientôt", a écrit dimanche sur Twitter (NYSE:TWTR) Ali Khedery, ancien conseiller principal d'Exxon pour le Moyen-Orient et aujourd'hui PDG de la société de stratégie américaine Dragoman Ventures.
De son côté, la célèbre banque Goldman Sachs (NYSE:GS) a réduit ses prévisions de prix du Brent pour les deuxième et troisième trimestres à 30 dollars le baril, et a déclaré que les prix pourraient chuter dans les 20 dollars.
"Le pronostic pour le marché du pétrole est encore plus sombre qu'en novembre 2014, date à laquelle une telle guerre des prix a commencé, car il atteint son point culminant avec l'effondrement significatif de la demande de pétrole dû au coronavirus", ont écrit les analystes de Goldman.
Mais d'autres, dont le groupe Eurasie, pensent que l'Arabie saoudite et la Russie finiront par trouver un accord.
"Le résultat le plus probable de l'échec des négociations de Vienne est une guerre limitée des prix du pétrole avant que les deux parties ne s'entendent sur un nouvel accord", ont déclaré les analystes dirigés par Ayham Kamel dans une note aux clients dimanche. La firme estime à 60 % les chances d'un éventuel accord.