par Giulia Paravicini
GONDAR, Ethiopie (Reuters) - Les forces du Tigré, dans le nord de l'Ethiopie, ont annoncé de nouveaux gains territoriaux mardi dans leur conflit contre l'armée gouvernementale et ses alliés et affirment contrôler désormais totalement la capitale régionale, Mekelle.
"Nous contrôlons Mekelle à 100%", a déclaré à Reuters Getachew Reda, porte-parole du TPLF. "Nos forces continuent de pousser vers le sud et l'est pour chasser l'ennemi de chaque mètre carré de territoire."
Reuters n'a pas été en mesure de vérifier ces informations, alors que pratiquement toutes les communications avec la région ont été coupées. Mais lundi soir, avant l'interruption des liaisons téléphoniques, des résidents de Mekelle déclaraient que les soldats gouvernementaux n'étaient plus visibles dans les rues de la ville et que les forces du TPLF avaient pénétré dans la capitale régionale. Des habitants les ont accueillies en chantant et brandissant des drapeaux, selon des témoins.
Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès du gouvernement éthiopien ou de l'armée gouvernementale.
Les forces du Tigré sont par ailleurs entrées mardi dans la ville de Shire, dans le nord de l'Éthiopie, ont déclaré à Reuters deux témoins oculaires.
"Tout le monde les accueille et fait la fête. Il y a maintenant beaucoup (de forces tigréennes) et la plupart d'entre elles sont en uniforme", a déclaré un habitant à Reuters. Les deux témoins oculaires ont refusé d'être nommés par crainte de représailles.
Le porte-parole du Premier ministre, celui de l'armée éthiopienne et le chef d'un groupe de travail gouvernemental sur le Tigré n'ont pas répondu aux messages demandant des commentaires.
Addis Abeba a proclamé sa victoire contre les troupes du TPLF en novembre dernier après plusieurs semaines de combats mais le parti tigréen, qui a dominé pendant trois décennies la vie politique éthiopienne avant d'être progressivement écarté du pouvoir par le Premier ministre Abiy Ahmed, a repris de vastes territoires au cours de la semaine écoulée. La guerre du Tigré, marquée par des accusations de nettoyage éthnique, de viols et de massacres de civils, a fait environ deux millions de déplacés et provoqué une crise humanitaire aiguë. Selon les Nations unies, au moins 350.000 personnes sont menacées de famine et 5 millions d'autres ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence.
L'Onu accuse les forces éthiopiennes et leurs alliées - l'armée érythréenne et les forces de la région d'Amhara, voisine du Tigré - d'avoir empêché des convois humanitaires de pénétrer dans la région.
(Reportage Giulia Paravicini avec la contribution de Dawit Endeshaw à Addis Abeba et Maggie Fick à Nairobi, rédigé par Katharine Houreld; version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Sophie Louet)