Après plusieurs mois de débats houleux, plus de 97% des salariés de l'usine Smart d'Hambach (Moselle) ont finalement accepté un retour progressif et temporaire aux 39 heures, payées 37, a annoncé la direction de Smart France vendredi.
"Un peu plus de 97% ont accepté de signer l'avenant à leur contrat de travail pour une augmentation de leur temps de travail dès l'année prochaine", a déclaré à l'AFP Philippe Steyer, directeur des Ressources humaines de Smart France.
"On a vraiment quelque chose d'unanime au niveau des salariés de l'entreprise qui se sont engagés en faveur du pacte 2020", s'est réjoui M. Steyer.
A l'inverse, Didier Getrey, de la CFDT Métallurgie Moselle, a expliqué le pourcentage très élevé de salariés ayant accepté de signer cet avenant individuel par "le matraquage des salariés" par la direction.
"Ils les ont tellement apeurés, il y a eu de telles pressions, qu'on en arrive là", a-t-il déploré, soulignant que "Mme Winkler (Annette Winkler, directrice générale de Smart, NDLR) est intervenue il y a 15 jours auprès des salariés en leur expliquant que si les avenants n'étaient pas signés, au 1er janvier 2017 ils fermeraient l'entreprise".
"Comment peut-on obliger les salariés à passer à 39 heures, alors que sur l'année 2014, le niveau d'activité du site restreint la durée du travail à 33 heures/semaine et qu'à ce jour l'activité n'a toujours pas augmenté?", s'est étonnée la CGT métallurgie dans un communiqué, estimant que "l'enjeu de la direction de Smart est bien d'accroître la rentabilité financière par le biais de la flexibilité du travail".
Depuis plusieurs mois, la direction de l'usine d'Hambach essayait de faire passer le "Pacte 2020", qui prévoit notamment un retour progressif aux 39 heures travaillées payées 37, avant un rétablissement des 35 heures en 2021, et une diminution des jours de RTT pour les cadres. En échange, elle s'est engagée à ne procéder à aucun licenciement économique d'ici à 2020.
Un référendum interne, purement consultatif, avait été organisé en septembre dans cette usine, au cours duquel 56% du personnel s'étaient prononcés pour le pacte.
Ce chiffre montait à 74% pour les cadres, employés, techniciens et agents de maîtrise, mais tombait à 39% pour les ouvriers, révélant des dissensions.
Quelques semaines plus tard, le pacte avait été mis en échec par la CGT et la CFDT, représentant 53% des salariés.
La direction avait alors réagi en distribuant, le 10 décembre, des avenants individuels à leur contrat de travail à tous les salariés, qui disposaient de 8 jours pour les accepter ou les refuser.
A Hambach, au carrefour de la Lorraine, de l'Alsace et de l'Allemagne, Smart France produit quelque 100.000 véhicules biplaces par an.